Un petit cadeau à la main et un grand sourire aux lèvres, douze 6èmes ont eu l’occasion de remercier un élève de 3ème ou de 1ère en fin d’année dernière…
C’était en effet la fin du tutorat, qui avait commencé au début de l’année et qui avait permis à huit 1ères et quatre 3èmes d’aider chacun un 6e en difficulté. Lors de sessions d’une heure chaque semaine, ils devaient cerner le niveau du jeune élève pour l’épauler dans les domaines où il rencontrait le plus d’obstacles.
L’expérience est propre à chacun et tous ont leur avis respectif. Ainsi, les ressentis diffèrent mais tous les tuteurs que j’ai eu l’occasion d’interroger s’accordent pour dire que cette heure hebdomadaire fut aussi enrichissante que instructive.

Séance de tutorat à l’ENC

Des efforts qui en valent la peine
Pour ma part, ce fut une expérience très riche que je n’hésiterais pas à renouveler si l’occasion se représentait et que je me fais un plaisir de raconter.
Le tutorat m’a tout d’abord permis de me remettre en question et m’a engagée en quelque sorte dans un véritable travail d’introspection.
En effet, j’ai expérimenté des instants de dure frustration où je questionnais mes aptitudes à aider l’élève à progresser. Lorsque les résultats ne se font pas voir, lorsque chaque lundi, on fait une dictée, que pendant une demie-heure on corrige les erreurs de l’élève avec lui, qu’on crée de toutes pièces de longues leçons sur la nature et la fonction des mots, ponctuées par de nombreux exemples pour faciliter au mieux la compréhension, et que le lundi suivant, on retrouve le même type d’erreurs, on se trouve forcément quelque peu exaspéré.
Mais au final, on finit néanmoins par observer des progrès : dans l’attitude, la méthode ou les résultats. Et ce qu’on éprouve alors c’est du soulagement, de la joie, un peu de fierté aussi. On est content pour l’autre mais inévitablement, on l’est aussi de soi-même.
Parce que mon avis est forcément subjectif, je vais ici rapporter les ressentis de deux autres tutrices que j’ai eu l’occasion d’interroger et qui ont eu la gentillesse de me répondre.
Apprendre de l'autre et sur soi-même
Tandis que l’une se rendait compte qu’elle n’avait que peu de patience et que la pédagogie n’était pas son fort, l’autre apprenait à «s’adapter aux besoins d’autrui». Pour les deux interrogées, c’est sans aucun doute une expérience à recommander. En effet, qu’on envisage la carrière d’enseignant ou non, le tutorat nous permet de nous rappeler « que notre façon de voir les choses n’est pas la même pour tout le monde”. Cela nous ouvre donc sur l’altérité et nous permet de relativiser ainsi que de nous décentrer. Et “c’est toujours une opportunité de développer ses capacités oratoires et de s’entraîner à expliquer efficacement et simplement”. C’est une “expérience à vivre”, surtout si on envisage le métier de professeur, mais aussi pour mieux se connaître et se redécouvrir à travers cette nouvelle facette de nous-même.

Mais comment savoir si on est fait pour le tutorat ?
Les qualités essentielles restent la volonté, la patience et la pédagogie. Mais pas de frayeur ! Si vous n’avez encore jamais eu l’occasion d’aider un élève ou que vous restez sceptique quant à vos qualités de pédagogue, le tutorat peut aussi vous permettre de prendre confiance en vous à travers les nouvelles responsabilités qu’il vous octroie.
Alors, ça n’a pas été facile, certes, mais au-delà d’être intéressant, car cela nous oblige à réfléchir à comment faire comprendre telle ou telle notion ; captivant, car cela nous ouvre nécessairement à l’autre ; stimulant, car il nous faut rechercher, tester, nous renouveler pour trouver toujours les meilleures méthodes, cette expérience aura surtout été pour moi source de joie, parce qu’à mon sens, il n’y a rien de plus beau que de transmettre ses connaissances.
Julie Mazza (T4)