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La Révolution iranienne

Ces derniers jours, on a vu sur la scène internationale, après l’élimination orchestrée par le président Trump du général Soleimani, une escalade de tensions et menaces entre Etats-Unis et Iran. Les plus pessimistes parlent même de « Troisième Guerre mondiale » et beaucoup le justifient avec cette haine viscérale qui persiste entre les deux pays depuis la Révolution iranienne. Ainsi avant de se concentrer sur le présent et le futur de l’Iran et des relations internationales, retournons en 1953, là où tout commence… 

1953, le Shah d’Iran, monarque du pays, Mohammad Reza Pahlavi reprend le pouvoir que son père, avant lui, avait perdu aux mains des Britanniques et Soviétiques en 1941. Le coup d’état de Pahlavi est un succès, grâce au soutien dont il bénéficie de la part des Etats-Unis et de l’Angleterre. Durant son règne, le Shah mène un programme de réformes, dans les années 1960, appelé la « Révolution blanche », dont les plus grandes mesures sont : la réforme du système agraire, qui est de ce fait moins inégalitaire et réduit le nombre de propriétés du clergé chiite (et donc leurs revenus, ce qu’ils ne vont pas apprécier, on s’en doute bien). Pour rappel, dans la religion musulmane, il existe un réel clivage qui est source de tensions fortes. Sunnisme et Chiisme sont deux « sous-branches » de cette religion qui se sont créées à la suite d’un désaccord sur le successeur de Mahomet. Le Shah donne aussi le droit de vote aux femmes, encore une fois, mesure désapprouvée par le clergé, qui y voit même une conspiration pour faire éclater la famille (oui, on est encore loin de l’égalité femmes-hommes en Iran…). En conséquent l’opposition religieuse grandit. En parallèle, dans la partie la plus pauvre de la population iranienne, la contestation gronde aussi. Le programme des réformes n’a pas tenu ses engagements et connaît des échecs. Des manifestations commencent dès le milieu des années 1960 et le gouvernement du Shah répond par la violence, des manifestants se font tuer, c’est le début d’une période sanglante pour l’Iran. 

Nous sommes maintenant en 1977, les protestations grondent toujours. Deux personnalités politiques, ouvertement opposées au Shah sont retrouvées mortes : Ali Shariati, le principal opposant au Shah, ainsi que le fils de l’Ayatollah Khomeiny, membre le plus prestigieux du clergé chiite. Khomeiny est déjà un opposant de longue date au régime du Shah, exilé pendant une dizaine d’année en France, où son discours s’est fortement radicalisé. Il devient alors la figure principale de l’opposition. 

Si les revendications sont multiples, ce sont les groupes islamiques qui fédèrent le plus. Le nombre de manifestations atteint alors son paroxysme, le nombre d’iranien·nes mort·es en manifestant, grandit lui aussi. Nous en arrivons donc au Vendredi Noir, le 8 septembre 1978. Ce jour-là, une manifestation massive a lieu à Téhéran. Défavorable à une répression violente, le Shah demande à la SAVAK, service de sécurité intérieure de maintenir la foule sans avoir recours aux armes. Cela se révèle impossible, les militaires ne sont pas équipés pour, les débordements sont de plus en plus forts et le Shah finit par céder et permet à la SAVAK d’utiliser toutes armes. Le nombre de victimes de ce vendredi reste encore aujourd’hui indéterminé. Cet événement achève de détruire le peu de crédibilité restant du régime. 

Le 12 décembre, une nouvelle manifestation massive a lieu, les iranien·nes sont deux millions à défiler. Le Shah ordonne à l’armée d’arrêter de tirer et avance son dernier pion. Il nomme en premier ministre Shapour Bakhtiar, un opposant au régime depuis son début. La situation étant toujours tendue un mois après, le nouveau premier ministre finit par demander au Shah de quitter le pays pour une durée indéterminée. Il n’y reviendra jamais et meurt un an après en 1980, en Egypte. 

Bakhtiar, une fois au pouvoir tente de calmer le jeu, dissout la SAVAK et relâche les prisonnier·es politiques. En parallèle, il commence aussi à négocier avec l’Ayatollah Khomeiny, devenu la figure majeure de l’opposition, depuis la France où ce dernier réside. Les négociations échouent et Khomeiny retourne en Iran pour y créer son propre gouvernement. 

Rebelote, tension politiques et violences s’en suivent. Le 11 février 1979 achève cette révolution et l’Ayatollah finit par prendre le contrôle de tout le pays. Une République Islamique est ensuite mise en place durant l’été 1979. Cette République repose sur une constitution qui stipule que la religion musulmane est la religion officielle du pays, une grande partie des pouvoirs est contrôlée par de hauts membres du clergé. 

Alors pourquoi les Etats-Unis et l’Iran se détestent-t-ils autant ? 

Premièrement, parce que la révolution iranienne a renversé le Shah mis en place par les Etats-Unis, ce qu’ils ont moyennement apprécié. Le pays a alors tenté de renverser le nouveau pouvoir mis en place par un nouveau coup d’Etat, avorté grâce à des espions soviétiques qui ont informé le pouvoir iranien. Aussi, les relations se sont extrêmement tendues depuis la prise d’otage de l’ambassade américaine par l’Iran de 1980 à 1981. 

Ensuite, durant la guerre Irak-Iran, les Etats-Unis soutiennent directement l’Irak qui souhaite envahir l’Iran. L’Iran est pour sa part soutenue par l’URSS. 

Ainsi les événements des années 1970/1980 façonnent les différentes relations entre Iran et Etats-Unis ainsi qu’Iran et URSS/Russie. Un dernier pays vient s’ajouter dans ce lot de relations complexes et tendues : c’est Israël. Très proche des Etats-Unis, Israël entretient des relations complexes et conflictuelles avec l’Iran. Certains analystes iraient même jusqu’à dire que les déclarations iraniennes sur Israël et la Shoah ont aggravé les relations américano-iraniennes. Cela explique qu’aujourd’hui alors Etats-Unis et Iran durcissent leurs menaces, nous observons les réactions des deux pays ainsi que ceux de nombreux autres tel que la Russie. Maintenant que le contexte historique est compris, il ne nous reste plus qu’à observer le futur en espérant un apaisement des tensions…

Par Alice P., TES1

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