Paradoxe
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Ça vous concerne tous : l’argent de poche au lycée

Plus des trois-quarts des enfants reçoivent régulièrement de l’argent de poche. En plus de ce revenu fixe, s’ajoutent des « extras » lors des anniversaires, des fêtes de Noël ou à l’occasion d’une bonne note. Ceci représente le premier contact des enfants avec l’argent et le monde extérieur. En effet, l’argent de poche permet à un ado de prendre conscience du coût de la vie, de gérer un budget et d’apprendre à épargner. Cette prise d’autonomie financière doit-elle être totale ou les parents peuvent-ils définir à quoi doit servir cet argent de poche ? Pour répondre à cette question que tant d’ados se posent, nous avons effectué un sondage au sein du lycée, afin d’appuyer notre article. Nous remercions d’ailleurs nos presque 200 lycéens de l’année dernière qui ont répondu à notre sondage !

Combien les lycéens reçoivent-ils d’argent par mois et pour les occasions spéciales ? 

C’est l’entrée en 6ème qui conditionne, pour beaucoup de parents, le versement d’un argent de poche. En effet, l’entrée en 6ème représente un âge pivot pour la majorité des parents. Pour 80 % d’entre eux, ce versement a une vertu pédagogique pour leurs enfants, notamment pour avoir conscience de la valeur de l’argent, gérer un budget ou encore être indépendant. Assez logiquement, plus les enfants grandissent, plus le montant reçu par mois augmente. 

Pour ne pas se fier aux uniques résultats du sondage au sein de l’ENC, nous avons comparé nos résultats obtenus avec la moyenne française. D’après les résultats de notre sondage, les lycéens de l’ENC reçoivent en moyenne 27,9 euros par mois, ce qui ne paraît pas extravagant par rapport à la moyenne française qui se situe entre 30 et 50 euros par mois pour les adolescents de 16 ans et plus. Cependant, ce chiffre prend aussi en compte les plus de 40% de nos élèves qui ne reçoivent pas d’argent à fréquence régulière. Les lycéens de l’ENC paraissent d’ailleurs en accord avec ces chiffres. En effet, en moyenne, le montant idéal pour eux s’élèverait à 36 euros par mois, ce qui n’est pas aberrant par rapport au montant réel reçu. 

Si dans 69% des cas ce sont les mamans qui gèrent l’argent de poche des enfants, celles-ci sont en revanche moins généreuses que les papas. Ils donnent ainsi 8 euros de plus en moyenne que les mamans. Ainsi, vous savez désormais à qui vous adresser lorsque vous avez une requête ! 😉 

De plus, une écrasante majorité des élèves obtient de l’argent de poche pour des occasions spéciales, telles que les anniversaires ou Noël, la moyenne s’élevant à 138 euros au sein du lycée. En France, en revanche, près de 6 jeunes sur 10 reçoivent des sommes spéciales de 50 € à 100 € pour ces événements de l’année.

Comment gagnent-ils de l’argent ? 

Peut-être que cela vous est déjà arrivé d’avoir votre porte monnaie totalement vide lorsque vous avez voulu vous procurer le nouveau sweat à la mode sur les réseaux sociaux. Malgré tous les yeux doux et toutes les concessions faites à vos parents, ces derniers vous répondent froidement par un “Tu n’as qu’à travailler pour te payer ce que tu veux”. Alors, déterminé(e), vous décidez, comme un peu plus de la moitié de nos sondeurs, de travailler afin d’obtenir fièrement votre premier “salaire” ! De plus, un lycéen sur deux trouve cela évident de travailler dès le lycée pour gagner de l’argent.

Tout d’abord, petite information administrative, il est important de savoir que, d’après la loi, vous n’êtes autorisés à travailler qu’à partir de l’âge de 16 ans (désolé aux futur(e)s secondes voulant s’émanciper davantage de l’argent de poche donné par leurs parents. Néanmoins, rassurez-vous ! Certains jeunes peuvent se lancer dans le monde du travail à partir de 14 ans sous certaines contraintes). Légalement, vous devez signer un contrat de travail déterminant votre travail, votre salaire, vos horaires… tout cela avec l’accord de vos parents bien sûr !! Évidemment, nous sommes conscients que la plupart de nos sondeurs travailleurs ne passent pas par ces démarches laborieuses et pénibles afin d’obtenir leur propre salaire tant convoité ! Nous avons alors remarqué que généralement, malgré certaines exceptions, ces derniers font plus appel à leurs proches (parents, amis…) pour obtenir un travail. 

Concernant tous les lycéens de l’ENC travaillant pendant le temps extrascolaire afin de gagner de l’argent, la majorité de nos lycéens travaillent en tant que baby-sitter ou dog-sitter afin d’obtenir de l’argent de poche. Également, l’aide aux devoirs est une activité très demandée par les lycéens, voulant gagner de l’argent tout en transmettant leur savoir. Enfin, certains lycéens décident davantage de se lancer dans le monde professionnel notamment pendant les vacances scolaires en se convertissant en serveuse/serveur, caissier/caissière, vendeuse/vendeur… et bien d’autres métiers tout aussi intéressants qu’enthousiasmants!

Certains parents paient d’ailleurs leurs enfants en échange de services rendus type tâches ménagères, garder ou aller chercher les frères et sœurs, laver la voiture… Car selon eux, “tout travail mérite salaire”. Cela leur permet aussi de les inciter à aider au sein du foyer et de les motiver. Cependant, ce genre de cas ne semble pas concerner beaucoup de nos sondeurs. En effet, seuls 4,7% des lycéens de l’ENC sont rémunérés au sein de leur famille pour toute tâche ménagère, services rendus, bon comportement ou bon dossier scolaire. Ces résultats ne sont pas en accord avec ceux de la métropole. Effectivement, dans 78 % des foyers, les adolescents sont rémunérés pour effectuer des tâches ménagères. Les parents déboursent en moyenne 5 euros pour la vaisselle, la pelouse ou le rangement. Le montant est quasi similaire, 6 euros, lorsqu’il s’agit de rétribuer un bon comportement. Mais seulement 12 % des parents le récompensent financièrement. 

Ils sont encore moins nombreux lorsqu’il s’agit d’objectifs scolaires (10 %). Mais, les montants sont plus élevés : en moyenne 18 euros sont déboursés pour des devoirs faits ou une bonne note. Et ils sont encore plus élevés lorsqu’il s’agit d’examen de fin d’étude comme le brevet où l’élève touche 40 euros et le bac où il touche 65 euros. 

Comment dépensent-ils cet argent ? 

Loisirs, shopping, culture, nourriture… Une fois l’argent de poche perçu, les adolescents vont satisfaire différentes envies. 70 % des jeunes affirment d’ailleurs disposer de leur argent comme ils le veulent. Du côté des parents, 75 % estiment que leurs enfants sont plutôt mesurés et raisonnables dans leurs dépenses et qu’ils savent faire des économies ; et 90 % disent savoir comment leurs enfants utilisent leur argent de poche. Il est difficile d’exiger d’un ado une utilisation restreinte de son argent de poche. Les parents savent pertinemment qu’il fera des dépenses qu’ils peuvent trouver futiles voire inutiles. L’argent de poche va en effet permettre à l’ado d’acheter tout ce qui peut faire plaisir à cet âge-là : gadgets, confiseries, accessoires high tech, vêtements de marque, etc. 

Un adolescent français dépense en moyenne, répartis dans différents pôles : 21 euros dans le shopping par mois (vêtements, chaussures, maquillages…) dépensés principalement en ligne, 6,50 euros en grande surface (alimentaire principalement), 8 euros dans les fast-foods, 16 euros dans les plateformes de livraison telles que UberEats et une dizaine d’euros dans les divertissements (jeux vidéos, livres…). Soit 61,5 euros par mois. Nos sondeurs affirment, quant à eux, dépenser en moyenne 36 euros par mois, principalement utilisés dans des cafés, des repas, des cadeaux ou encore des sorties. 52,5% des lycéens de Blomet ne souhaitent, en revanche, pas utiliser leurs sous mais économiser pour leur futur. 

Reste que l’usage de l’argent de poche est très genré en France : 87 % des filles déclarent faire du shopping pour s’acheter des vêtements systématiquement ou ponctuellement contre 63 % des garçons, qui sont, eux, davantage attirés par les jeux vidéo pour 78 % d’entre eux. 

Ainsi, chaque adolescent gère son argent de poche et ses dépenses à sa façon. En ce moment et peut-être à cause de l’inflation, le montant moyen versé par les parents aux adolescents est en hausse de 2 euros par an (soit 6,45%). De plus, 90 % des adolescents paient leurs achats en espèces, faute d’être équipés d’autres moyens de paiement. Seuls 15 % disposent d’une carte de paiement, mais cependant ce pourcentage ne cesse d’augmenter. En effet, différentes banques et applications mettent à disposition des cartes bancaires gratuites pour les adolescents, ce qui permet aussi à certains parents de contrôler leurs dépenses. 

Max Contrand et Camille Aufauvre P3