Voilà, plus que trois jours de vacances. Et pourtant, de ton planning ne ressort aucune rature. Tes livres sont restés désespérément clos, dans la rage oiseuse de la jeunesse. Non, ce n’est pas de la paresse. Plutôt un sentiment ineffable de dégoût, de déni, de peur. Comment appelle-t-on cette ombre, flottant au-dessus de nos petites têtes blondes ? Oh, oui… la procrastination. Celle qui nous lie, pieds et poings, à nos écrans ou nos livres. A dix mille lieux de l’angoisse des cours. Du poids de l’ennui qui opprime nos poitrines. De la reconnaissance médiocre et décevante. De l’impuissance colérique face à nos copies.
Ne culpabilise pas, nous sommes tous·tes victimes de cet être malfaisant. Il nous offre un réconfort fictif aux répercussions désastreuses. Effectivement, réussir à boucler trois mois de révisions en une soirée, cela semble complexe. De même, finir son PowerPoint à deux heures du matin car « il est vrai que cette série était addictive à un point mon Dieu, que je n’arrivais pas à m’en extraire », ce n’est pas le meilleur moyen pour aborder, en toute sérénité, son exposé. Ou encore, que rédiger son DM de philosophie la veille du rendu (alors que l’échéance avait été donnée trois semaines auparavant) ne permet pas une réflexion des plus sensationnelles.
Je te sens venir, avec tes yeux de chien battu et ton sourire carnassier de promoteur·trice immobilièr·e. Tu vas invoquer un million d’arguments fallacieux afin de justifier ton absence d’organisation. On connaît le « je suis productif·ve uniquement dans l’urgence » ou le « je vous assure, c’est une conjoncture d’événements, d’habitude je ne me laisse jamais déborder ».
Détends-toi et assume. Tu n’es ni le/la premièr·e ni le/la dernièr·e à procrastiner. Ce ne sera ni ta première, ni ta dernière fois. Nous sommes tous·tes dans le même bateau chronophage. C’est une énième galère lycéenne.
Par Inès Olivié, TS2