Une guerre méconnue, mais qui aurait pu changer le cours de l’Histoire de l’Europe à tout jamais.
Se déroulant entre 1700 et 1721, cette guerre opposa d’un côté l’Empire Russe de l’ambitieux et charismatique Pierre Ier dit le Grand, le royaume du Danemark-Norvège de Frédéric IV et la Pologne-Lituanie d’Auguste II dit le Fort, au puissant empire Suédois, dirigé par le tout jeune Charles XII. Très méconnue du grand public, elle marqua cependant le déclin de la Suède en tant que puissance militaire autour de la mer Baltique, au profit de la Russie de Pierre le Grand, qui s’imposa dès lors comme véritable puissance dominante en Europe de l’Est.
Une guerre incessante entre 1700 et 1721
Ces vingt-et-une années de guerre ravagèrent l’Europe de l’Est, la Pologne-Lituanie, et la Livonie, province en actuelle Estonie, tandis que l’Europe occidentale sombrait dans la guerre de succession d’Espagne. Vingt-et-une années pendant lesquelles se confrontèrent les armées du fougueux et audacieux Charles XII à celles des nations voisines.
Elle commença par une offensive générale de la coalition anti-suédoise, formée de la Russie de Pierre le Grand (deux mètres quand même), de la Pologne-Lituanie, et du royaume de Danemark-Norvège. Réagissant avec vigueur et audace, Charles XII, latinisé Carolus Rex et tout juste âgé de dix-huit ans, réussit en quelques mois, entre 1700 et 1701, à démanteler la coalition, en forçant Frédéric IV à la paix, en écrasant les Russes lors de la bataille de Narva (1701), et en menant une campagne militaire en Pologne qui se soldera par la chute d’Auguste II dit le Fort en 1706.
Fort d’une armée réputée invincible, et au sommet de sa puissance, Charles XII mènera entre 1705 et 1709 une guerre sans merci contre la Russie de Pierre le Grand en Livonie, en Ingrie pour la prise de la nouvelle capitale de Pierre, Saint-Pétersbourg, sur les rives de la Neva, puis en plein coeur du territoire russe. En effet, entre 1708 et 1709, Charles XII mènera sa campagne de Russie, qui se soldera par l’anéantissement de son armée à cause du froid, de la faim, et lors de la bataille de Poltava, en actuelle Ukraine, le 8 Juillet 1709, obligeant par conséquent Charles XII à s’exiler jusqu’en 1714 en territoire ottoman avec une poignée de fidèles.
Charles XII ne reviendra en Suède qu’en 1715, devant faire face à une situation catastrophique, les Russes, les Dano-norvégiens et les Polono-lituaniens ayant repris la guerre contre la Suède. Cependant, Charles ne se découragea pas, et mena une nouvelle campagne contre le Danemark-Norvège. C’est devant la forteresse de Fredriksten que Charles XII trouva la mort le 30 novembre 1718, tué par une balle qui lui traversa la tempe. Cette mort soudaine du souverain précipita la chute de la Suède, et la fin de la guerre, avec le traité de Nystad en septembre 1721.
Le déclin de la puissance suédoise
La Grande Guerre du Nord marqua la fin de l’hégémonie suédoise autour de la mer Baltique, établie au cours de la guerre de Trente Ans. Ce Dominium Maris Baltici, cette mer intérieure suédoise était un rêve qui faisait de la Suède une véritable puissance économique et militaire, mais qui souffrait de sa population, beaucoup trop peu nombreuse pour servir ses ambitions : l’industrie était peu développée malgré les nombreuses richesses et ressources que possédait l’empire, et l’armée réduite à moins de cent vingt mille hommes, ce qui ne l’empêcha pas cependant de remporter de brillantes victoires.
Ci-contre la situation géographique de la Suède au moment de l’accession de Charles XII au pouvoir en 1697
Une armée moderne et un chef militaire de génie
L’armée suédoise avait beau être toujours en infériorité numérique, elle était considérée alors comme la meilleure en Europe : les soldats prêtaient allégeance à leur roi, et étaient un modèle de discipline (aucune révolte au cours des années de règne de Charles XII n’est à recenser). Son héroïsme, sa bravoure, et sa loyauté envers le roi lui ont permis de remporter d’éclatantes victoires, comme à Narva, où elle s’est battue contre une armée russe trois fois plus nombreuse.
À cela s’ajoutait le génie militaire de Charles XII, audacieux et parieur, ne se fiant qu’à son instinct et menant toujours ses soldats au combat : il était toujours dans les premiers à charger contre l’ennemi. Ses décisions paraissaient parfois insensées, et les risques qu’il courait beaucoup trop grands : à la bataille de Holowczyn, il mena un assaut amphibie victorieux contre les positions russes en dépit des conditions climatiques extrêmes et de l’infériorité numérique de ses forces (deux fois moins nombreuses).
L’avènement de l’Empire Russe
La fin de la guerre contribua à l’extension territoriale de la Russie, et notamment à l’acquisition d’un port ouvert sur la mer Baltique, nécessaire aux ambitions de Pierre le Grand, qui voulait ouvrir la Russie au commerce européen, et moderniser l’administration de l’Empire et son gouvernement en s’inspirant des modèles européens. Cette ouverture sur la Baltique fut l’une des principales raisons du déclenchement du conflit, et un élément indissociable de la modernisation de la nation russe.
Il en résulte que la fin de la Grande Guerre du Nord marqua ainsi le déclin de la puissance suédoise, dont l’hégémonie militaire et le contrôle de la mer Baltique auraient pu l’amener à devenir une réelle puissance continentale en Europe, avec une armée entraînée et disciplinée, et des territoires regorgeant de ressources naturelles, propices au développement du commerce et à la création d’une véritable puissance économique.
Néanmoins, l’Histoire en décida autrement : avec la mort de Charles XII et le démantèlement de l’empire suédois, Pierre Ier le Grand ne trouva plus aucun obstacle à la modernisation, le développement et l’ouverture au commerce européen de la Russie ; Pierre est de nos jours considéré comme le fondateur d’un Etat moderne, puissant, et dont le rayonnement ne s’achèvera réellement qu’au XXème siècle avec la Première Guerre mondiale, et l’avènement de l’Union Soviétique.
Je conseille vivement la série de cinq épisodes de la chaîne anglophone ExtraCredits disponible sur YouTube consacrée à ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=VyBPAz1H-lU&list=PLjLK2cYtt-VCNNtfD06zOlwOFkP-r64fT&index=7
C’était un sujet qui me tenait à coeur car étant un grand passionné d’Histoire, je ne pouvais m’empêcher de fermer les yeux sur ce sujet extrêmement intéressant, et qui, d’après moi, aurait tout simplement pu renverser l’équilibre des puissances en Europe si l’issue avait été différente : son impact sur l’Histoire de l’Europe de l’Est, et même de l’Europe en général, n’est pas à négliger.
Emiliano Soria Hernandez, 1ère2
Sources principales (textes et illustrations):
https://www.youtube.com/watch?v=ZljPyIct6Vs : vidéo sur le déroulement des guerres entre Suède et Russie au cours de l’Histoire
https://www.youtube.com/watch?v=VyBPAz1H-lU&list=PLjLK2cYtt-VCNNtfD06zOlwOFkP-r64fT&index=7 : série de vidéo de la chaîne ExtraCredits sur le sujet
https://www.youtube.com/watch?v=FJIRGO5epaI : vidéo de la chaîne SabatonHistory dédiée à la Bataille de Poltava, qui a inspiré « Poltava » du groupe de power métal suédois Sabaton
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_XII
Emiliano Soria