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Zoo de Beauval et nouvelles mesures

Durant les vacances de la Toussaint, je suis allée visiter le zoo de Beauval, dans le Loir-et-Cher, juste avant sa fermeture le 29 octobre, due aux circonstances actuelles de la pandémie. 

C’est le parc zoologique le plus connu de France, avec à son palmarès le titre du 4ème plus beau zoo du monde. Plus de 3 500 animaux vivent entre ses portes, et chaque année, de nouveaux aménagements sont réalisés pour agrandir le parc et accueillir de nouvelles espèces : parmi les derniers en date, les guépards, les loups blancs, et les lions. Il y a aussi ceux qui l’ont fait connaître dans le monde entier il y a quelques mois, avec la naissance du petit Yuan Meng : les stars de Beauval, les pandas. 

Les autres nouveautés de ces deux dernières années ? Une télécabine, qui permet d’avoir un point de vue imprenable sur le parc (ou d’épargner de la marche aux plus paresseux•ses d’entre nous ?) et le Dôme équatorial, sorte de volière accueillant des bassins et des enclos repensés pour reproduire au mieux les habitats naturels. Cela fait un drôle d’effet de voir, pour la première fois, plusieurs feuilles de salade disparaître mystérieusement de la surface (qui en est recouverte), avant de comprendre qu’elles sont, en réalité, avalées par les lamantins, qui ont notamment bénéficié de ce nouvel arrangement, plus grand et agréable que leur enclos précédent. 

Une autre attraction proposée par le parc : ses spectacles. En plus d’animations tout au long de la journée, deux grandes représentations sont proposées à plusieurs reprises : l’Odyssée des Lions de Mer, et le fameux spectacle des Maîtres des Airs. Dans certains zoos, les animaux n’ont pas la chance de disposer d’assez d’espace : les oiseaux de Beauval peuvent, cependant, pour la plupart se dégourdir les ailes lors de ces représentations où ils volent librement, et certains disposent de grandes volières. Si le premier, qui certes sensibilise à la protection des espèces marines et au tri des déchets, ressemble quelque peu à celui de Marineland, le deuxième est bluffant. Des fauconniers•ères font voler au-dessus des spectateurs•trices diverses espèces emblématiques, telles que le pygargue, le milan, les vautours, les aras ou encore le condor géant.

Certaines espèces bénéficient d’enclos leur permettant de pouvoir se cacher à la vue des spectateurs•trices, et reproduisant bien leur habitat naturel. D’autres, à l’inverse, semblent ne pouvoir se dérober aux regards des touristes : les tigres, mais principalement les lions, qui semblent être exposés sur un îlot, ou encore les loups blancs, qui ne disposent d’aucune vraie cachette. Dommage…

Le parc attribue une place importante à la préservation des espèces, avec de nombreux panneaux informatifs, et un bâtiment dédié, sans compter les maints projets de recherche, de préservation et de réintroduction en milieu naturel, présentés en parallèle et dans lesquels Beauval s’investit. Cependant, le comportement des visiteurs•ses témoigne clairement d’un manque d’éducation au sujet de ces animaux : certain•e•s leur beuglent dessus, imitant des cris de singe, ou cherchent par tous les moyens à attirer leur attention, notamment pour les animaux phares, tels que les pandas. On en vient à se demander où est vraiment « l’attraction ». L’âge ne semble même pas être une excuse, car ces dérives proviennent aussi bien d’adultes que d’enfants. De même, les flashes des appareils photos sont à la mode : même dehors, avec une bonne luminosité, il n’est pas rare de voir des appareils crépiter. Que cherchent-ils à éclairer, alors que les animaux sont à plus de 10 mètres ? 

Rassurez-vous, les conditions des animaux dans ce parc semblent être confortables pour la majorité : la plupart des enclos sont grands et les habitats reproduits dans la mesure du possible. Sans compter que les excréments des mammifères permettent la production de gaz, dans une usine située à l’une des extrémités du parc (qu’il n’est pas possible de visiter, si certain•e•s étaient intéressé•e•s). Quant à ceux•elles qui auraient peur de se perdre dans ces 40 hectares, n’ayez crainte, les différents « territoires » des animaux sont bien indiqués.

  • Adresse : Avenue du Blanc, 41110 St Aignan
  • Tarif : 34€ pour les plus de 11 ans et 27€ pour les plus jeunes (excepté pour les moins de 3 ans)
  • Site internet : https://www.zoobeauval.com/ 

Si vous avez été attentifs•ves à l’actualité, ces déclarations n’ont pas pu vous échapper : le 29 septembre 2020, Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique, a annoncé des mesures en faveur de la faune sauvage captive en France. Delphinariums, cirques et zoos, tous sont visés. Ainsi, d’ici à 2022, la détention d’orques à fin de spectacles sera interdite. De même pour les dauphins, d’ici à 2027. La reproduction des cétacés en captivité, et la délivrance d’autorisation de construction de structures à destination de spectacles ont été bannies. Le même type de mesures ont été prises pour les cirques et spectacles itinérants : les animaux sauvages dont les besoins ne peuvent pas coïncider avec une vie sur la route, tels que les fauves, ou les otaries, ne pourront plus être détenus par ces cirques, et leur reproduction prohibée. Concernant les zoos, des normes plus strictes seront désormais à respecter concernant les habitats des animaux et les spectacles. Enfin, d’ici à 2025, tous les élevages de visons présents sur le territoire français devraient avoir disparu. 

Suite à la déclaration de ces mesures, de violentes protestations, comme on pouvait s’y attendre, ont émané des syndicats des cirques et principalement des delphinariums, comme Marineland. Cela leur enlèverait, en effet, leur plus grande attraction, les fameux orques, qui font débat depuis longtemps, notamment avec l’affaire de Tilikum, un mâle qui aurait tué 3 personnes lors de sa captivité, et qui est le personnage principal du documentaire Blackfish

Ainsi, depuis plusieurs années, en France et dans le monde entier, une polémique voit s’opposer deux camps : ceux•elles contre la détention des animaux dans les cirques/delphinariums/zoos, et celui•elle que ça ne dérange pas, voire qui sont en faveur de ces structures. Rappelons tout de même qu’aux Etats-Unis, certains particuliers détiennent des fauves ! 

Si les delphinariums ne peuvent effectivement pas recréer correctement les conditions de vie des grands cétacés (essayez de faire entrer 70% de la surface du globe dans un petit bassin), et que les cirques peuvent difficilement offrir ces mêmes reproductions d’habitats naturels, les zoos font encore débat. Car ce sont ces derniers qui permettent de sensibiliser la population à la disparition croissante de nombreuses espèces. Certains zoos, parmi lesquels on peut citer Beauval, peuvent évidemment recréer, dans une certaine mesure, les habitats de certains animaux. Et pour relâcher certaines espèces protégées, encore faudrait-il disposer de réserves pouvant les accueillir et les protéger des chasseurs•ses et du braconnage. Les guépards notamment, victimes de la concurrence de plus gros carnivores au niveau de la chasse, franchissent parfois les frontières des réserves et se retrouvent hors des territoires où ils sont protégés, s’exposant ainsi. Sans animaux dans les zoos, comment lever effectivement des fonds pour maintenir et créer lesdites réserves, à travers les appels aux dons et les parrainages ? Une visite dans un zoo est-elle plus problématique qu’un safari où des visiteurs•ses désirant une meilleure vue, dérangent ainsi les animaux dans leur habitat naturel ? Ou que les petits guépards, enlevés à leurs parents et à la savane pour servir d’animaux de compagnie, sachant que nombre d’entre eux en périront ? Lors des appels aux dons, qui empêchera les théories du complot d’émerger, quand on voit que la moindre décision est amplement critiquée ? 

Pour l’instant me semble-t-il, le maximum pouvant être fait reste le durcissement des normes dans les zoos, et peut-être une obligation de participer à des projets de préservation des espèces en danger, et de s’inscrire dans une démarche de réintroduction. 

Ainsi, tant que des réponses n’auront pas été apportées, les zoos me semblent donc un mal nécessaire, une solution temporaire pour permettre plus tard la réintroduction des animaux dans leur habitat naturel.

A présent, je te laisse en juger par toi-même, cher•ère lecteur•trice, et te faire ton avis sur la question.

Aurélie Umark Labat, 2nde 2

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