Commune française située dans le département de la Meuse, en région Grand Est, Ambly-sur-Meuse abrite la nécropole nationale des Quatre-Vents où reposent les corps de 120 soldats français tués durant la Première Guerre mondiale.
Petite commune rurale de la diagonale du vide, Ambly-sur-Meuse (6,3 km² pour 241 habitants) n’a plus de commerces depuis le départ à la retraite des boulangers-pâtissiers du village. On n’y retrouve aujourd’hui plus qu’une mairie, qui fait aussi école maternelle, une église presque désertée, et un cimetière. Ce village à l’apparence banale, situé à 16 kilomètres au sud-est de Verdun, a pourtant été marqué, avec l’ensemble de la région, par la Première Guerre mondiale. En témoigne, située juste à côté du cimetière, la nécropole nationale des Quatre-Vents.
Joseph Valentin, héros de l’infanterie
Créé en 1915 et aménagé en 1927, ce cimetière regroupe les corps de 120 soldats français dont onze inconnus décédés lors des combats des hauts de Meuse et du secteur de Troyon. Parmi ces soldats repose la dépouille de Joseph Valentin, chef de bataillon du 220e régiment d’infanterie, décédé à Ambly le 12 avril 1915. Ce passage historique qui a marqué la région est documenté sur le site officiel de l’armée “chemins de mémoire”. Après le sursaut français sur la Marne et la résistance du fort de Troyon, le 20 septembre, une offensive est lancée, d’Étain à Pont-à-Mousson. L’ennemi atteint la Meuse et s’empare de Saint-Mihiel. En quelques jours, un profond saillant est creusé dans les lignes françaises. Les Allemands organisent solidement ces positions contre lesquelles les Français, multiplient, durant l’année 1915, de nombreux assauts. L’infanterie est durement éprouvée.
Dominant la plaine de la Woëvre, la crête des Éparges est l’enjeu de combats acharnés où périssent des milliers d’hommes. A la suite de nombreuses explosions de mines, le sommet de la colline disparaît progressivement. Répétant les assauts, les Français, en 1915, ne peuvent pas s’emparer de cette position. En février 1916, devant la pression allemande sur Verdun, les Français évacuent la Woëvre et se retranchent autour du fort de Moulainville. En 1917, le front s’immobilise même si les combats au sud de Saint-Mihiel restent encore actifs. Le 12 septembre 1918, est lancée une offensive franco-américaine, qui parvient à repousser l’ennemi vers la frontière, libérant ainsi la ville de Saint-Mihiel.
Après la défaite française de 1870, le département de la Meuse devient frontalier. Les villes de Verdun et de Nancy restent donc des plus exposées aux menaces allemandes. C’est pourquoi un système de fortifications qui vise à protéger ces villes et le reste du pays est créé. Verdun devient ainsi une place fortifiée essentielle dans le système de défense français. À la veille de la guerre, le fort de Troyon construit en 1878 est l’un des plus anciens ouvrages. Mais lors des premières offensives de septembre 1914, ce fort est au cœur des enjeux. Chargée de ralentir la progression ennemie en direction du sud de Verdun, la garnison subit, dès le 8 septembre 1914, le feu violent des bombardements. Le 9, les Allemands proposent aux Français de capituler, qui rejettent cette offre. En représailles, les bombardements redoublent d’intensité. Les destructions sont nombreuses. Après six jours de bombardements, la garnison s’oppose encore à l’ennemi. Les Allemands ne peuvent franchir la Meuse et s’emparer de Verdun. Par cette résistance, la garnison permet, en quelque sorte, de sauver Verdun. Le fort est une nouvelle fois assiégé par les Allemands qui refluent après leur échec sur la Marne. Le 23 septembre 1914, deux obus s’écrasent sur l’un des magasins à poudre causant la mort de 18 soldats. Les dégâts sont considérables. Aujourd’hui encore, les corps de ces combattants reposent sous des tonnes de terre. Jusqu’en 1918, l’ouvrage est bombardé sans pour autant être pris par l’ennemi. À l’automne 1918, il devient un hôpital de campagne pour les troupes américaines.
L’importance des petits mots…
Des cartes postales envoyées par un soldat français à sa femme pendant son engagement dans l’armée ont été retrouvées. Ces cartes sont principalement des petits mots du quotidien informant sa famille que le soldat est toujours bien portant, et s’inquiétant de la santé de sa femme et leurs enfants. Dans un contexte où le courrier était vérifié avant d’être envoyé, les soldats ne pouvaient pas entièrement s’exprimer sur la difficulté de leur quotidien au front. Ces lettres témoignent de l’importance des petits mots permettant d’exprimer de l’amour à leurs proches pour les soldats, ainsi que de les rassurer.
23 mai 1914 (service militaire, quelques mois avant le début des conflits)
“Ma chère Jeanne, je me porte toujours bien et espère que ma carte te trouvera ainsi que les enfants et la famille en bonne santé. Nous sommes actuellement ici dans la Somme. Je t’embrasse bien fort et les enfants.”
8 août 1914
“Ma chère Jeanne, je suis toujours ici en bonne santé et espère que ma carte vous trouvera de même. Je n’ai encore rien reçu de toi. Je t’embrasse bien fort ainsi que les enfants.”
15 janvier 1915
“Ma chère Jeanne, je me porte toujours bien, nous faisons le Cantonnier pendant 2 jours. Je t’embrasse bien fort et un gros baiser.”
1 novembre 1915
“Ma Jeannette chérie, je suis allé aujourd’hui visiter le monument d’autre part élevé à la mémoire des marins du sous-marin “pluviôse” coulé il y a quelques années et je t’envoie de Calais mes meilleurs baisers. Celui qui t’aime pour la vie.”
8 novembre 1915
“J’envoie à ma petite femme chérie mes meilleurs baisers.” “Mille baisers sur ta grosse frimousse.”
Bordé de trous d’obus sur lesquels la végétation a repoussé, le site des Eparges est l’un des témoins d’une région à jamais marquée par les cicatrices de ce combat, qui fit 19,8 millions de victimes, dont 8,9 millions de civils.
Léonie Bouré (T3)


