Si vous êtes à la recherche de films à regarder blotti•e•s dans un plaid, au coin du feu ou du radiateur durant l’hiver et si vous commencez à n’en plus pouvoir des films cucul de Noël avec, on peut se l’avouer, un même scénario plutôt redondant, mais que vous voulez tout de même rêver et retrouver votre âme d’enfant, les films de Jacques Demy sont là pour vous !
En faisant appel à votre lointaine mémoire, nombre d’entre vous se souviendront peut-être avoir regardé son chef d’œuvre Peau d’Âne, sorti en 1970, qui met en scène une Catherine Deneuve, certes parée de ses plus belles robes de princesse, mais devant faire face aux élans incestueux de son père ! De quoi faire rêver les plus petits, mais aussi, selon le dessein du réalisateur Jacques Demy, faire réfléchir les plus grands sur de sinistres thématiques, tout en mêlant avec un délicat poétisme merveilleux et réalisme sur les airs envoûtants du compositeur Michel Legrand.
S’il n’était pas à chaque fois question de princes en collants moulants ou de robes couleur du temps, Jacques Demy collabora plusieurs fois avant Peau d’Âne avec le compositeur Michel Legrand pour nous proposer un univers musical enchanteur par des comédies musicales « à la française », qui inspireront Damien de Chazelle, réalisateur du succès planétaire Lalaland de 2017.
Citons entre autres Lola, premier long-métrage du réalisateur paru en 1961, relatant l’histoire d’une danseuse de cabaret à Nantes, ville d’origine de Jacques Demy, et de ses désillusions amoureuses.
Ce film est le premier d’une trilogie dont font partie les bien connus Parapluies de Cherbourg, palme d’Or à Cannes, film entièrement chanté et léger à première vue mais qui raconte cependant la douloureuse séparation de Geneviève, premier grand rôle de l’actrice Catherine Deneuve, avec Guy. Ce dernier part pour la guerre d’Algérie. La pression des convenances rattrape la jeune femme lors de son absence… La musique est envoutante, les personnages attachants et si on oublie un côté un peu niais qui cache des sujets véritablement difficiles, on peut aisément se laisser porter par la musique et l’histoire.
Enfin, en 1966, Jacques Demy signe un autre film musical qui ravira petits et grands durant cette période de fêtes : Les Demoiselles de Rochefort. Dans la petite ville de Rochefort, Delphine danse, Solange est musicienne et les jumelles rêvent toutes deux d’amour et d’une vie de succès à Paris. Des forains débarquent…
Comme pour chacun de ses films, Demy nous raconte des moments de vie et fait évoluer ses personnages dans un univers enchanteur et musical mais finalement pas si rose que cela : « Tiens, on a découpé une femme en morceaux rue de la Bienséance à deux pas du château… », chantonne à titre d’exemple un des personnages au milieu du film.
Si vous ne l’avez jamais vu, vous connaissez certainement sa chanson-phare « Nous sommes deux sœurs jumelles… » qui vous reste dans la tête pendant un petit moment, on vous le garantit. En 2016, la scène d’ouverture du film LaLaLand rend hommage à la scène d’ouverture des Demoiselles de Rochefort.
Finalement, Jacques Demy, c’est l’élégance de la comédie musicale filmée française, mêlée à une dose de merveilleux mais aussi de réalisme un peu noir (avis aux âmes sensibles : très peu de ses films ont une fin heureuse !).
Proche des cinéastes de la Nouvelle Vague, Jacques Demy préfère filmer la province et compose un univers bien à lui, naïf et sombre à la fois, pour des films désormais cultes dans le paysage du cinéma français.
Pour qui ? | Toute la famille, même si vous risquez de devoir expliquer certaines fins aux plus jeunes |
Avec qui ? | Seul, entre ami•e•s, en famille |
Les plus : | Les films musicaux tels Peau d’Âne, Les demoiselles de Rochefort ou Les Parapluies de Cherbourg vous plongent dans un univers musical et poétique, idéal pour l’hiver. |
Les moins : | Un peu de naïveté n’a jamais fait de mal à personne, si ? |
Note : | 4/5P |
Dora Le Targat T2