Paradoxe
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Galères lycéennes

L’insomnie

Merde. Trois heures du matin. Et encore aucun signe de ce foutu sommeil. Certes, tu ne l’incites pas à te rejoindre le soir. Aussi, es-tu à blâmer ? Tu es allongé·e depuis vingt-trois heures. Tu as fixé le plafond, tes écouteurs te bombardant les oreilles d’une musique qui se voulait douce. Ça va, tu connais les pelures du mur. Les fissures du lustre. Les ombres chinoises de tes vêtements, mués d’une soudaine vie dans le creux de la nuit. Toutes ces arabesques, ces formes, ces couleurs. Tu les as passées et repassées dans ton esprit. A force, elles se sont ternies. 

Tu en as marre. C’est la troisième fois cette semaine. Ton rythme de sommeil ressemble plus au cardiogramme d’un fumeur invétéré qu’à l’innocente locomotive que ton médecin te montrait pour t’expliquer ces cycles infernaux. Qu’as-tu donc fait pour affoler à ce point ton horloge biologique ? Seraient-ce ces soirées sans fin, égrainées en danses désarticulées ? Serait-ce ce diabolique ouvrage que tu as dévoré en deux jours ? Serait-ce ce jeu qui consume ton âme ? Ou ces conversations nocturnes, les fameuses « pillow talks » ? Peut-être que ça a joué. Quoique. Les principales fautives ici, ce sont bien tes pensées. 

Voyons, ne te mens pas. Tu vois parfaitement de quoi je parle. Dans ta caboche qui devrait être assoupie depuis des lustres, tes petit·es toi s’agitent. Entre celui ou celle qui panique sur sa montagne de travail, totalement désorganisé, celui ou celle qui fredonne cette maudite chanson, ou celui ou celle qui sourit béatement face aux souvenirs tout doux et sucrés de l’été, tu n’es pas sorti·e de l’auberge. J’oubliais le mini toi, la bouche bourrée de pop-corn, enroulé·e en burrito devant un film. Et aussi, celui ou celle qui refuse de sortir de sa douche, sous peine de revenir à la réalité. N’ignorons pas non plus le/la rebelle, dans son coin, hurlant dans son hygiaphone ses revendications adolescentes. 

Et toi, toujours la tête plongée dans l’oreiller. Tu vérifies l’heure sur ton portable. Le réveil à sept heures va piquer. Les cernes vont encore se creuser d’un bleu violacé. Nous sommes tous·tes dans ce même bateau insomniaque. C’est une énième galère lycéenne. 

Par Inès Olivié, TS2

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