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La supercherie des trottinettes électriques

Apparues récemment, elles ont pris bien vite une importance considérable. Fidèles destriers d’une partie de la population, némésis de l’autre, elles ont envahi les avenues. Il suffit de tourner à un coin de rue pour tomber nez à nez avec l’une d’elles. On nous les présente comme une alternative « éco-friendly » à la voiture, un moyen de déplacement rapide sans avoir à faire collé-serré dans le métro avec Valérie, 33 ans, qui bosse à la compta et Pierre-Henri, dans sa quarantaine, qui accompagne ses enfants à l’école. Dégainez votre smartphone et hop ! Parcourez, cheveux au vent, les rues parisiennes. Mais alors, où est le souci ? Vous l’avez flairé au titre : elles ne sont pas si écologiques.

Alors oui, les trottinettes en libre-service n’émettent pas de particules fines ni de gaz à effet de serre lorsqu’elles roulent. Oui, on n’a de cesse de nous répéter que « c’est électrique donc c’est vert ! ».
Mais essayons de voir plus loin que ce que nous montrent les grandes entreprises en considérant l’impact environnemental global de ces trottinettes. L’université de Caroline du Nord a mené une étude analysant l’ensemble du cycle de vie d’une trottinette, soit de sa production à sa destruction.
Et ça commence mal : qui dit batterie dit extraction de matériaux rares, comme le lithium. Ces matériaux sont ensuite assemblés dans des usines (qui polluent donc) et, qui plus est, sont souvent situées en Chine. Il faut donc ajouter à la note non seulement la production mais aussi la distribution de ces trottinettes vers les grandes villes qui les utilisent.

Les parisien•nes roulent, les heures défilent. Mais une fois la journée finie, il faut ramasser les trottinettes pour les recharger et cela se fait en voiture, 4×4 la plupart du temps. Pas très écolo non plus. Ajoutons à cela qu’un certain nombre d’entre elles se retrouvent dans la Seine et viennent donc polluer les eaux. Enfin et surtout, la durée de vie d’une trottinette est d’environ 4 mois (maintenant que les constructeurs ont découvert l’existence du tournevis) ce qui réduit encore plus l’intérêt de la trottinette électrique pour l’environnement (dégager tant de pollution pour 4 mois de vie… bof.)

Laissez-moi vous donner quelques chiffres pour illustrer mon propos. Si l’on considère l’empreinte carbone de la trottinette par personne et par kilomètre parcouru, l’impact global de la trottinette est effectivement 2 fois inférieur à celui de la voiture. Mais ne vous applaudissez pas pour autant, car il est aussi 2,6 fois supérieur à celui d’un bus, et donc bieeeeen supérieur à celui d’un métro, d’un RER ou autre. Les chercheurs ont également constaté que 58% des trajets faits en trottinette électrique remplacent un trajet qui aurait été fait en bus, en vélo ou à pied. 7% de personnes ne se seraient pas déplacées, ce qui nous laisse avec 35% de cas seulement dans lesquels la trottinette remplace la voiture.

Trottinette électrique ? L’environnement dit «bof ». Personnellement, je passe mon tour, et vous ?

Pauline Le Minoux

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