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« Une femme d’exception » : Ruth Bader Ginsburg ou la « Simone Veil américaine »

Le biopic de Mimi Leder, Felicity Jones en tête d’affiche, retrace les débuts de la juge à la Cour suprême, Ruth Bader Ginsburg, décédée le 18 septembre de cette année. 

Jeune avocate brillante et idéaliste, majore de sa promo à Harvard, Ruth Bader Ginsburg est pourtant rejetée par tous les cabinets en raison de sa condition féminine, de ses origines juives et de son statut de mère de famille. Elle s’associe alors avec son mari, Martin, pour une affaire fiscale en laquelle elle voit un moyen de faire évoluer la justice par rapport à la discrimination sexuelle.

Très inspirant, ce film est parfaitement réalisé, porté par l’excellente et authentique prestation de Felicity Jones.

Malgré tout, la première partie présente des longueurs et la seconde est légèrement technique. Si le scénario s’enchaîne parfaitement, il n’en est pas moins « lisse » et malheureusement trop classique, avec une vision assez simpliste, ce qui ne permet pas au film de marquer durablement les esprits.

Bien que manquant de caractère, il s’agit donc, tout de même, d’une belle œuvre pour découvrir cette juge d’exception qu’est la deuxième femme nommée en 1993 par Bill Clinton à la Cour suprême des États-Unis.

D’ailleurs, aujourd’hui plus que jamais, « Notorious RBG » est au centre de l’actualité, sa mort moins de cinquante jours avant les élections présidentielles et sénatoriales ayant soulevé de lourdes interrogations politiques : la juge démocrate, progressiste, icône féministe et ennemie jurée de D.Trump avait déclaré « Mon voeu le plus cher est de ne pas être remplacée tant qu’un nouveau président n’aura pas prêté serment ». En effet, Ruth Bader Ginsburg représentait le dernier rempart contre une cour conservatiste. Or, en cas de contestation, comme cela risque d’être le cas, c’est la Cour suprême qui désignera le•a président•e, et la nomination d’un•e juge républicain•e pourrait fortement favoriser la réélection de D.Trump.

Comme l’on pouvait s’en douter, le Président est passé outre les dernières volontés de Mme Ginsburg et vient de la remplacer ce samedi 26 septembre par la, sans surprise, conservatrice Amy Coney Barrett (rappelons que les neuf juges de la Cour suprême sont nommé•es à vie et 6/9 sont républicains). Un bon point pour Mr Trump dira-t-on…

Pourtant, le décès de la grande défenseuse d’une société plus juste a bouleversé les cœurs, ravivant son combat contre le « trumpisme ». En sa mémoire, la population ne se mobilisera-t-elle pas aux urnes contre la réélection de D.Trump ?

De nombreux événements et témoignages pourraient le laisser penser. Ainsi des centaines de personnes sont venues se recueillir devant son cercueil exposé à la Cour suprême pour un hommage national et beaucoup estiment « que RBG représente tout ce pour quoi l’Amérique devrait se mobiliser […] notamment le respect (…) de l’autre, quel que soit son genre, sa race, son origine ethnique ou sa religion».

Autre marque de l’impopularité grimpante de D.Trump, ce dernier a été hué lors de son recueillement devant la dépouille de l’ancienne juge et « des personnes présentes sur place ont manifesté leur colère, appelant à se mobiliser pour que l’ancien homme d’affaires de New York n’obtienne pas un second mandat » (Le Monde) tandis que d’autres lançaient des « Honorez son souhait » (cf. paragraphe 2).

Ainsi les avis quant à l’impact de la mort de Ruth Bader Ginsburg sur la présidentielle 2020 sont mitigés et les interrogations restent entières…

Néanmoins, il serait injuste de réduire cette femme extraordinaire à un pion dans la grande balance politique des élections 2020, alors n’oublions pas de rendre hommage comme il se doit à cette femme extraordinaire, nominée au National Women’s Hall of Fame et ayant œuvré pour une meilleure évolution de la société (égalité des salaires, autorisation du mariage homosexuel, l’Equal Credit Opportunity Act, défense du droit à l’avortement, …).

A voir également : Documentaire RBG par Betsy West et Julie Cohen, 2019, Primetime Emmy Award (Prix exceptionnel du mérite pour un film documentaire).

Pour qui ?Tout le monde.
À quelle occasion ?Le décès de Ruth Bader Ginsburg et les élections présidentielles américaines.
Les plus :Un film bien fait, qui présente les prémices de la carrière de la juge RBG incarnée par la très belle performance de Felicity Jones.
Les moins :Un manque d’originalité.
Note4/5P

Ludivine Million T5

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