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Interview avec Marko 93

Marko 93 nous a reçu ce lundi 19 octobre sur la péniche Grande Fantaisie, le long du Quai de l’Oise dans le 19e arrondissement. Coque de la péniche recouverte de mille teintes et cartons pleins de bombes aérosols au fond du bateau ont annoncé la couleur… le peintre est en pleine composition artistique ! Devenu célèbre grâce à ses performances de Street Art, Marko 93 apprend rapidement à maîtriser un nombre important de techniques, comme la calligraphie arabe que l’on retrouve souvent dans son graffiti. Reconnu à l’international, l’artiste voyage aux quatre coins du monde, de Tunis au Brésil en passant par l’Inde. Ses nombreuses expositions lui permettent aujourd’hui de vivre de sa passion tout en perfectionnant son art. 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Marko, 47 ans, j’habite à Saint-Denis, et je peins depuis 1998.

Pourquoi êtes-vous sur cette péniche aujourd’hui ?

J’ai peint plusieurs fois la coque de cette péniche, ça remonte à plusieurs années. On essaie de refaire une couche de temps en temps. Ce sont des amis, donc c’est comme à la maison. 

D’où vous vient votre inspiration de manière générale ?

Ma première influence a été américaine : New York, les B-boy dans les années 80, les lettrages… Et plus tard la calligraphie abstraite. Et enfin, par rapport à mes voyages. L’Amérique latine m’a beaucoup influencé les dix dernières années.

Ok génial ! Et d’où vous vient votre inspiration plus particulièrement pour les félins ?

J’aime beaucoup peindre les félins, et particulièrement le jaguar. J’ai moi-même de l’admiration, et les gens admirent les félins pour leur côté sauvage, liberté. J’aime bien les mettre dans des milieux urbains. Je suis parti il y a quelques mois dans la forêt brésilienne pour voir les jaguars en liberté. J’ai pu voir deux jaguars en liberté. C’est une étoile pour moi. Aussi, ça symbolise la lumière chez les Aztèques et les Mayas. Ils l’appellent le «Soleil Nocturne».

Grandir à Saint-Denis, vous l’avez plus ressenti comme un handicap ou une chance ?

Pour moi c’est une ouverture sur le monde, tu grandis avec des gens de partout. Après, c’est sûr qu’en banlieue, il n’y a pas les mêmes infrastructures que dans les beaux quartiers. Ne serait-ce que pour les transports en commun tout simplement. Tu prends la ligne 13, c’est la bétaillère. Tu prends la ligne D, pareil. C’est toujours surpeuplé. Oui il y a des différences quand même, mais voilà j’ai grandi à Saint-Denis c’est comme ça. Après, le fait de peindre m’a permis de traverser toutes les couches sociales, et dans le monde entier.

D’ailleurs en parlant de votre percée dans le monde, comment vous avez fait pour choisir de vivre de votre art ?

J’aime même fait de la manutention pour La Redoute, et ensuite j’ai essayé de vivre de ma peinture. Maintenant ça fait 25 ans que je fais ce que je fais. Alors c’est comme ça mais je fais ce que j’aime, ce qui me plaît.

Alors vous peignez sur des murs, et sur des toiles aussi. Oui c’est ça

Vous préférez quelle manière de peindre entre les deux ?

Je trouve qu’après toutes ces années c’est complémentaire. Après ce que j’aime c’est peindre en grand. Donc en grand, c’est les murs. Mais les toiles je leur trouve un intérêt pour tout ce qui est lié au travail de recherche : tout le travail de recherche que j’aurais fait pour une toile pourra me servir pour un mur aussi. Le fait de faire des toiles c’est un autre éclairage pour mon travail et ça me permet en plus de gagner ma vie différemment.

Comment qualifieriez-vous votre manière de travailler : peinture, graff, dessin… ?

Alors mon statut quand je paie mes impôts c’est artiste plasticien. Après je suis peintre, muraliste, je fais de la toile aussi, je peins avec des lampes, il y a plein de supports différents…

En parlant justement de cette méthode de light-painting, est-ce que vous pourriez la développer un peu ?

C’est basé sur la pose longue, donc la base est photographique. J’ai été le premier au monde à la développer en vidéo temps réel, en remplaçant l’appareil photo par une caméra et un logiciel qui accumule image par image les traits de lumières. Et j’ai fait des performances dans le monde entier avec ça.  Donc voilà, le light-painting c’est l’art de peindre avec de la lumière dans l’espace. Et j’ai fait beaucoup de live : avec des danseuses en Inde, des gens qui font de l’Aïkido (art martial japonais), un orchestre symphonique à l’Opéra Bastille, pour des marques, pour toutes sortes de choses.

Est-ce que vous avez dû faire des sacrifices pour pouvoir vivre de votre art ?

Comme je dis, je fais ce que j’aime mais il y a un prix à payer. Depuis des années j’ai du mal à me projeter. Je suis incapable de te dire « l’année prochaine, je fais ça à tel endroit ». Depuis tout jeune je vis, peut-être pas au jour le jour, mais à l’année l’année plutôt. Je ne sais pas si c’est un sacrifice, c’est plus une habitude.

Pour finir, est-ce que vous avez des projets futurs ?

Continuer à faire ce que je fais. Continuer de voyager, peindre, rencontrer. Et puis toujours continuer les projets artistiques les plus fous, c’est ça le plus intéressant.

Melissa Lauri T3

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