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Prix Nobel de la paix : distinction prestigieuse ou prix controversé ?

Décerné plus de 100 fois, le Prix Nobel de la Paix suscite l’espoir d’un monde meilleur, en honorant ceux qui consacrent leur vie à la lutte pour la paix. Mais derrière chaque lauréat, se cache une histoire complexe, parfois marquée par des défis inattendus, des controverses et des actions qui redéfinissent notre conception de la paix.

« rendre service à l’humanité par la voie diplomatique, la lutte pour la paix, … »

Établi par Alfred Nobel en 1895, il est attribué pour la première fois en 1901 à Henry Dunant, fondateur de la Croix Rouge, et Frédéric Passy, surnommé « l’apôtre de la paix », député français ayant consacré sa vie à la lutte pour la paix. Durant les deux guerres mondiales, le prix n’a été attribué qu’en 1917, 1944, et 1945. En effet, les années où aucun candidat n’a fait l’unanimité, la récompense n’a pas été décernée, et cela est arrivé dix-neuf fois. Le prix Nobel de la paix est attribué par le cinquième comité Nobel, composé de six membres. Au XXe siècle, l’origine des candidatures, d’abord occidentale, s’est étendue au monde entier. 

Selon la volonté d’Alfred Nobel, dans son testament, le prix Nobel de la paix récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Ce prix est décerné chaque année et peut être partagé entre deux ou trois personnalités ou institutions ayant rendu service à l’humanité par la voie diplomatique, la lutte pour la paix, les droits de l’homme, la liberté et l’aide humanitaire.

Alfred Nobel dans les années 1850, et en 1896

« derrière chaque lauréat se cache une histoire »

Parmi les lauréats du prix les plus emblématiques, il convient d’évoquer Martin Luther King, qui reçoit le prix Nobel en 1964 pour sa campagne en faveur des droits civils aux Etats-Unis, mais également Malala Yousafzai et Kailash Satyarthi en 2014 pour leur lutte en faveur de l’accès de tous les enfants à l’éducation. A 17 ans, Malala Yousafzai, militante pakistanaise, devient la plus jeune récipiendaire d’un prix Nobel de la paix. D’autres personnalités et institutions emblématiques se sont également vues décerner ce prix telles que Barack Obama en 2009 pour « ses efforts extraordinaires afin de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples », les casques bleus de l’ONU, le GIEC, Nelson Mandela ou encore Aung San Suu Kyi en 1991, leader de l’opposition birmane et avocate des droits de l’homme. Alors en résidence surveillée, celle-ci ne peut se rendre à Oslo pour recevoir son prix et une chaise vide est placée symboliquement sur le podium. Elle reçoit finalement son prix en mains propres à Oslo en juin 2012, 21 ans plus tard. Le dernier lauréat du prix Nobel de la paix, en 2024, est l’organisation japonaise Nihon Hidankyo, « ses efforts en vue d’un monde sans armes nucléaires et pour avoir démontré par des témoignages que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées »

Le co-président de l’organisation Nihon Hidankyo, Toshiyuki Mimaki, assiste à une conférence de presse après l’annonce du lauréat du prix Nobel de la paix 2024 à Hiroshima, le 11 octobre 2024, sur cette photo prise par Kyodo. © Kyodo, via Reuters

« des controverses et des actions qui redéfinissent notre conception de la paix »

Malgré sa renommée internationale et son prestige, le Prix Nobel de la paix doit faire face à plusieurs critiques et controverses. En effet, il a longtemps été attribué uniquement à des Occidentaux, et davantage à des hommes qu’à des femmes, les lauréates étant au nombre de 18. Par ailleurs, certains relèvent d’injustifiables absences comme celle de Gandhi, pourtant icône de la lutte pacifiste et non violente pour l’indépendance de l’Inde. Enfin, l’un des cas les plus controversés reste le discernement du prix Nobel de la paix à Henry Kissinger, secrétaire d’Etat aux Etats-Unis, et ce malgré sa responsabilité dans l’« opération Condor », campagne secrète d’assassinats de leaders démocrates et de coups d’État militaires conduite sous l’égide de la CIA dans plusieurs pays d’Amérique latine pendant la guerre froide. 

Henry Kissinger en 1979. © Getty – Wally McNamee

À l’aune de tous ces cas, il apparaît que le prix Nobel de la Paix est l’un des prix les plus controversés depuis sa création en 1901. Mais en cela, il est bien à l’image des relations internationales et reflète le fait que chaque acteur comporte plusieurs facettes, alliant selon les circonstances des actions particulièrement louables à des comportements répréhensibles.

« le Prix Nobel de la Paix suscite l'espoir d'un monde meilleur »

En conclusion, le Prix Nobel de la Paix demeure l’une des distinctions les plus prestigieuses et significatives, symbolisant l’engagement envers la justice, la réconciliation et la lutte pour un monde plus pacifique. Chaque lauréat incarne une facette essentielle de l’humanité, qu’il s’agisse de défendre les droits de l’homme, de promouvoir la diplomatie ou de lutter contre l’injustice. Au-delà de l’honneur personnel, le prix souligne la nécessité de continuer à œuvrer pour la paix, même dans un monde marqué par des défis complexes et persistants.

Anastasia KUNETZ (P2)

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