Bizarre cette époque, n’est-ce pas ? On quitte nos masques chirurgicaux, tout heureux de pouvoir retrouver une vie un peu normale, et on s’apprête à profiter de nouveau… mais le monde nous réserve encore des surprises.
Il y a d’abord eu le moment où personne n’y croyait. On voyait un peu partout que ce monsieur Poutine envisageait une attaque, amassant des chars à la frontière. On voyait, mais on ne voulait pas y croire. Et puis il y a eu notre président qui est parti à Moscou, puis à Kiev, on se disait alors que la diplomatie et le dialogue allaient tout sauver et que les tensions redescendraient… On y a même cru quand certains chars se retiraient de la frontière…
Et puis il y a eu l’offensive.
De notre point de vue de jeunes Français de 17 ans, n’ayant jamais connu de conflit armé sur notre continent dont nous fussions capable de comprendre les enjeux, c’est un choc. On se dit d’abord que tout cela n’est pas possible, que forcément c’est une petite attaque isolée, mais que très vite tout va s’arranger. Encore une fois, on se trompait.
Les jours passent, la tension monte, les chaînes d’infos et les JT ont troqué le Covid pour la guerre en Ukraine. En 2020, on annonçait le nombre de morts de la Covid chaque soir à 20h ; en 2022, le sordide rendez-vous est celui de la guerre en Ukraine. Partout, on parle d’invasion, de bombardements, de fuite des civils, de souffrance, de peur et d’insécurité. On a vraiment l’impression d’être dans un film, un film qu’on aimerait peut-être mettre en accéléré pour revenir à la partie où les méchants sont mis hors d’état de nuire et où le monde est de nouveau vivable. Car aujourd’hui, on a de moins en moins l’impression que c’est le cas. En tant que citoyens européens, nous portons tous dans notre cœur cette envie de liberté dans le monde, mais surtout dans l’Europe. Notre “vieux continent”, dont les terres sont gorgées du sang de ceux qui se sont battus avant nous, paraît oublier son histoire.
Si nous demandions aux jeunes de 2022 s’ils partiraient de suite au combat en Ukraine, je ne sais pas si beaucoup de oui s’exprimeraient. Et c’est normal. Non pas par lâcheté, mais simplement parce que nous ne sommes que trop marqués par le passé terrible des guerres si meurtrières. N’a-t-on pas des cours d’histoire pour nous enseigner que les conflits n’ont mené qu’à des échecs ? Ne nous forme-t-on pas à être de bons citoyens, nous inculquant les valeurs de liberté, de paix, etc ? Mais que Monsieur Poutine assiste à quelques cours d’EMC ou d’histoire pour qu’il comprenne !
Aujourd’hui, tout cela s’écroule, et nos repères avec. Nous ne retrouvons plus l’enveloppe protectrice de la paix autour de nous.
Cette guerre n’est pas plus ou moins juste ou dure que les autres. Elle est plus inquiétante pour des jeunes comme nous, car elle est proche et que la menace nous semble visible. Chacun connaît les armes modernes et leurs possibilités. Chacun sait aussi que l’équilibre géopolitique européen et mondial est perpétuellement remis en cause, à chaque nouvelle attaque, à chaque nouveau bombardement, à chaque nouveau mort.
Pour nous aussi, ce frustrant sentiment d’impuissance est terrible à supporter. Alors certes, on peut “aider”. Mais j’ai comme un certain sentiment de ne pas faire assez en envoyant des colis remplis de produits, ou en réservant sur Airbnb des logements ukrainiens pour donner quelques euros à leur propriétaire. Alors on se dit que plus on est renseigné, plus on connaît avec précision la situation, mieux on peut aider. Mais très vite, on tombe sur des images terribles, d’enfant seul marchant en pleurant vers une frontière qui lui semble être celle de la liberté, laissant derrière lui sa mère, son père, sa ville, son pays, sa vie.
En fait, on a surtout l’impression que tout s’écroule autour de nous. Que l’on vit dans un monde où ce que l’on considérait comme acquis ne l’est en fait pas du tout et que tout peut être remis en cause par la décision d’un homme. Ni nos institutions, ni nos valeurs, ni notre histoire commune ne nous protègent des fous. Alors c’est à nous de nous en protéger. Le seul moyen de lutter est donc sûrement d’être unis, forts et fiers de nos valeurs que nous défendrons contre tous les opposants. Que la Russie essaie de s’attaquer à notre pays, nous lutterons aussi !
Quelle bravoure du peuple ukrainien ! Si nous étions à leur place, comment ferions-nous ? Si notre lycée avait été bombardé et notre maison aussi, sans repère ni sécurité, que ferions-nous ? On voit donc bien tout l’intérêt de ne pas rester immobile et d’agir !
Alors, cher lecteur, qui comme moi ne reconnaît plus trop le monde que tu pensais pourtant connaître, je t’invite à agir ! Non seulement pour les Ukrainiens, non seulement contre un “dictateur”, mais surtout pour le monde de demain !