Paradoxe
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La rédac'

Damien Jenner – Partie 1

Damien Jenner : "Je ne peux pas imaginer refaire une course sans l'ENC "

Peut-être avez-vous remarqué un nouveau cadre accroché dans les couloirs de l’ENC au cours de vos aller-retours entre les différentes salles de classe ? Depuis peu, il est en effet possible d’admirer le drapeau officiel de la transat Jacques Vabre dans notre établissement. Il nous a été offert par le skipper Damien Jenner, qui a participé à cette course en novembre dernier, et a été suivi et soutenu par deux classes de l’ENC. Le navigateur a été très touché par les encouragements des élèves qui l’ont accompagné, et a tenu à les remercier en donnant à notre école ce drapeau dédicacé. Paradoxe a eu la chance de pouvoir l’interviewer, et d’échanger avec lui sur son expérience hors-du-commun ! Voici son témoignage sur sa relation avec l’ENC, qui lui a apporté réconfort et courage pendant sa course, tout en ouvrant de nouveaux horizons aux élèves qui ont eu la chance de suivre son aventure. 

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots la nature de votre lien avec les élèves de l’ENC?

Damien Jenner : Lors de ma précédente transat, j’étais intervenu à Saint-Jean, et cette fois je suis intervenu au collège et au lycée, dans des classes de seconde et de sixième. Cela consiste en plusieurs interventions dans l’année, aux moins deux par classe, pendant lesquelles je parle de la course (le parcours, le bateau, …). Ensuite il y a beaucoup de questions, d’échanges avec les élèves. Au cours de la course, on s’appelle, ou on s’envoie des messages. Et après la course, j’interviens de nouveau dans les classes pour raconter mon expérience.

Qu’est-ce que cette relation vous apporte ?

Je n’ai pas de mots assez forts pour dire à quel point c’est enrichissant. D’abord parce que quand on fait cette course, savoir que vous êtes là, que vous nous suivez, que j’ai rencontré de manière indirecte chacun d’entre vous, ça apporte énormément. C’est un soutien moral énorme. Et puis, j’espère vous inspirer un petit peu à travers cette aventure. Pour le moins, je ne peux pas imaginer refaire une course sans qu’il n’y ait l’ENC.

Pourriez-vous nous raconter un moment de la course qui a été vraiment très compliqué, et pendant lequel vous avez été content de vous sentir soutenu ?

A un moment, on a été pris dans un filet de pêcheur la nuit, en pleine tempête; et le bateau dérivait vers les côtes. On a craint que le filet n’arrive pas à s’enlever et qu’il faille plonger au milieu de la nuit pour le couper. Puis à la suite de cela, on a tellement dérivé qu’on a été obligé de faire une route qui nous a amené directement au cœur de la tempête. Ca a été une succession de mauvaises nouvelles, au terme de laquelle on s’est dit que c’était probable qu’on arrête, puisqu’en plus on a déchiré une voile, on avait plus de communications, enfin c’était vraiment le chaos total… Mais bon, on répare; on a réparé la voile, on a trouvé un autre moyen d’avancer sans communication, et on a pu repartir dans la course et reprendre des places.

“Parfois on se prend des grosses claques. Alors on peut décider d’arrêter, mais quand on va au bout, on est encore plus heureux de s’être battu et de ne pas avoir abandonné.”
Damien Jenner
Skipper

Et enfin, en exclusivité, voici les conseils de Damien Jenner pour être un bon skipper ! Si vous vous reconnaissez, saisissez votre chance, prenez les voiles !

Quelles sont selon vous les qualités nécessaires pour être un bon skipper ?

Tout d’abord, pour la course large particulièrement, il faut être sacrément résistant. Il faut être capable d’encaisser beaucoup de choses; la douleur physique et mentale notamment, parce que ça ne se passe jamais bien. Il faut donc être très solide.

Il faut également être capable de savoir faire beaucoup de choses, à bord d’un bateau: il faut être bricoleur, un peu ingénieur, mathématicien (pour faire des routages compliqués),… Il n’y a pas besoin d’être excellent dans tous les domaines, mais il faut être polyvalent. Enfin, je pense qu’il faut être humble. La mer, elle nous apprend chaque jour qu’on pense savoir, mais qu’en fait on ne sait rien. C’est un milieu extrêmement dur, surtout la course au large, où tout peut changer d’un seul coup. Si parfois on se dit que l’on sait faire car on a déjà fait, en réalité on ne sait pas. Moi j’ai 47 ans, ça fait 45 ans que je navigue, et pourtant j’ai appris énormément pendant cette transat, même des choses que je pensais savoir.

Une petite explication pour les non-initiés :

La transat Jacques Vabre figure parmi les courses de voile transatlantiques les plus prestigieuses. Elle débute au Havre, et s’achève à Fort-de-France, en Martinique. Elle couvre ainsi une distance de plus de 8000 km, que les navigateurs parcourent en binômes. Chaque année, au mois de novembre, elle rassemble environ 90 bateaux, soit près de 200 coureurs, et suscite l’enthousiasme de tous les passionnés de voile.

Anastasia Kunetz et Manon Villoutreix

La suite de cet article est à retrouver bientôt sur le site !