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La rédac' Billets d'humeur

La « diet culture »

Vous êtes-vous déjà dit, après avoir profité d’un bon repas, qu’il faudrait peut-être surveiller votre alimentation, faire attention aux écarts, aux chocolats, essayer de ne pas prendre trop de poids ? Ces pensées, vous pouvez les avoir même en ayant un corps en parfaite santé. En effet, pour ma part, c’est le genre de pensées qui avaient tendance à traverser mon esprit. Même en ayant un corps plutôt mince, j’ai pu me priver ou me limiter parce que « ça n’était pas raisonnable ».  Je n’ai jamais souhaité maigrir, mais j’ai souvent eu peur de grossir. Ces injonctions qui nous font croire que minceur est synonyme de bonne santé, et que prendre soin de soi c’est se priver, sont des conséquences de la « diet culture » dans laquelle on vit.

La « diet culture » c’est quoi ? 

Illustration de Mélissa Lauri

La « diet culture » (également connue sous le nom de culture des diètes), c’est la culture du régime dans laquelle nous vivons. C’est une société qui nous incite à contrôler sans cesse notre poids et notre image en prônant la minceur comme idéal de beauté. 

Cette « diet culture » se manifeste à travers les titres de magazines (« 10 conseils pour garder la ligne », « Comment perdre du poids en deux semaines » …), à travers les corps mis en valeur dans les médias, et également à travers des remarques du quotidien. En effet, quand une personne perd du poids, elle a tendance à être félicitée, en revanche, quand elle en gagne, son entourage lui demande ce qu’il lui est arrivé. De ce fait, la perte de poids est assimilée à une victoire tandis que la prise de poids relève d’un échec. Tous ces comportements résultent de l’idée très intériorisée qu’un corps en bonne santé est un corps mince. 

Cette « diet culture » nous encourage ainsi à contrôler en permanence ce que l’on mange. En effet, sans pour autant être victime de troubles alimentaires, nous sommes nombreux•ses à culpabiliser après s’être fait plaisir. Ce sentiment de culpabilité nous pousse parfois à compenser en faisant du sport. Le sport est alors vu comme un moyen de perdre ce que l’on n’aurait pas dû s’autoriser à manger. C’est donc un rapport très néfaste qui s’installe entre nous et notre corps. 

Quelles sont les conséquences de cette « diet culture » :

Pour commencer, ce contrôle permanent sur ce que l’on mange peut créer une psychose autour de la peur de prendre du poids. Comme expliqué à l’instant, on va chercher à se priver, se limiter et se contrôler alors que notre santé n’est absolument pas en jeu. Poussée à l’extrême, cette pression peut entraîner des troubles alimentaires. En effet, on peut avoir l’impression que moins on mange, mieux on se porte. Il y a dans les médias, aujourd’hui, un gros manque de communication au sujet des dangers de la sous-alimentation.

Par ailleurs, cette « diet culture » entraîne certains à penser que leur valeur réside dans leur poids.  Leur relation à l’alimentation et à leur corps se voit alors dégradée par un manque de confiance en soi et une baisse de l’estime de soi. 

De plus, cette peur de grossir peut entraîner une diabolisation des aliments, divisés entre « bad food » et « good food ». On peut alors voir certains aliments comme des dangers, et instaurer un rapport néfaste et stressant avec l’alimentation.

Cette culture des diètes crée également une sorte de hiérarchie entre les corps. Les corps minces étant surreprésentés au dépend des autres. Certaines personnes, dont notamment des influenceur•se•s, en viennent à faire la promotion de produits « minceurs » dont les effets (si ce n’est laxatif) n’ont été nullement prouvés scientifiquement.

Pour finir, notre perception de la prise de poids est totalement faussée. À force de lire des articles sur « comment perdre du poids », on en vient à croire qu’il faut systématiquement être plus mince. On confond prise de poids et mauvaise hygiène de vie. 

ATTENTION : La prise de poids peut effectivement s’avérer dangereuse pour des personnes souffrant d’obésité principalement sévère ou morbide. Seulement, pour rappel, on parle d’obésité sévère à partir de 35kg/m2

Autre rappel, on a tou•te•s des métabolismes différents. Notre corps ne stocke pas aux mêmes endroits et le poids est un mauvais indicateur de santé physique :

(Ces femmes pèsent toutes 70kg)

Comment prendre du recul vis-à-vis de cette « diet culture »

  • En prendre conscience est déjà un premier pas (nombreux sont les articles, les vidéos, les livres qui en parlent)
  • Être plus indulgent•e avec soi-même, s’autoriser à se faire plaisir
  • Faire attention aux personnes que l’on suit sur les réseaux. Certaines personnes parviennent seulement à nous faire culpabiliser… Vous êtes autorisé•e•s à les unfollow !
  • Prendre du recul par rapport aux remarques que l’on peut se prendre (notamment aux repas de famille). Bien souvent ces remarques ne sont pas malveillantes, elles résultent simplement d’une grossophobie intériorisée et généralisée dont la personne n’est même pas consciente. 

En résumé, profitez des brunchs, des chocolats, des desserts et de tout le reste sans vous prendre la tête. Cette année, on ne culpabilise plus de s’être fait plaisir !

Garance Perrin T2

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