Paradoxe
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Feuilleton

Espiègle poésie

Plus je te cherche et plus tu me fuis, vers capricieux,

T’envolant à tire d’aile tel un pigeon malicieux

Ou te faufilant comme un famélique chat des rues

Me semant au détour de quelques avenues.

Perdues parmi les bâtisses haussmanniennes,

Errant au milieu des ruelles sans que l’inspiration ne vienne,

Mes pensées, agressées par l’assourdissante cacophonie,

Traquent vainement les rimes, qui gentiment, de moi, se rient.

Le ciel grisâtre, ignorant mes prières désespérées,

Me jette à la face une pluie diluvienne, glacée,

Effaçant la malheureuse trame timidement esquissée

Et faisant naître un ressentiment justifié,

Colérique de ne pouvoir, à ma guise, composer.

Ruminant rageusement sur les trottoirs surpeuplés,

Je ne remarque guère la ville revêtant son épaisse cape d’ébène

Et mouchetée de mille lumières lointaines

D’où jaillit la folle illumination bénie.

De toutes parts, alors, les joyeux mots affluent,

Les rimes et les strophes coulent sans retenue,

Pour s’aligner gaiment dans mon esprit ravi ;

Les lettres cessent de se cacher à ma vue, 

Et surgissant des luxueuses galeries,

Toutes guillerettes, s’assemblent avec harmonie.

Mais ne tardons point ! Déjà, comme elle est venue,

L’imagination fertile s’est vite enfuie,

Entrainant, espiègle, mes fantasques écrits.

Courons à travers les places et boulevards, 

Dépêchons avant qu’il ne soit trop tard !

Montons vivement les escaliers,

Vite, ouvrons la porte d’entrée !

Voilà un bout de papier ! 

Couchons l’œuvre créée, 

Ouf, c’est terminé !

Ludivine Million T5

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