Paradoxe
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Feuilleton

Vingt-deux heures

J’ai enlevé ma bague, rangé le cadre. J’ai même changé mon fond d’écran, pour des plantes, et pour quelqu’un d’autre. Sans faire exprès j’ai supprimé la prédiction « je » de mon clavier, mais c’était peut-être plus que ça, c’était peut-être le fait que je ne me sentais plus exister. Que chaque notification parasite m’angoissait, que derrière un « je t’aime » il n’en reste que des cendres et de la poussière, amour consumé. Je me suis levée, juste pour dire que je l’ai fait, mais en réalité je me suis repliée sur moi en laissant les larmes poursuivre leur course jusqu’au matelas. Puis, je me suis vraiment levée. J’ai écarté le rideau transparent, regardé la rue et les lampadaires à la lumière orangée, celle qui faisait resplendir la peinture des carrosses et les larmes des damnés, enfermés derrière des barreaux blancs gagnés par la rouille de bronze. Tout cela n’évoque rien, pas moins que les immeubles qui semblent se multiplier plus on regarde au loin, ou même comme ces enfants assis à l’arrière d’une voiture, qui roule le long de cette avenue éclairée. Puis je vacille, me tiens sur un pied, ressors la tête pour ne pas suffoquer dans ma tristesse, et espérer qu’un homme descende de la lune afin de me dérober un bout de mon chagrin. Tout était paisible entre deux vrombissements de moteurs, il n’y avait que ma plainte étouffante, haletante qui osait briser le calme de la nuit.
Les objets n’ont une signification que si on leur en donne une. 

Jennifer Desrumaux T2

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