Paradoxe
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Galères lycéennes

Le blues de pré-rentrée

On peut se l’avouer : les derniers dimanches de vacances sont les pires. Les canines menaçantes de la rentrée t’attendent au détour de cette ultime journée. Vingt-quatre heures restantes pour tout boucler, fignoler tes retards, valoriser ta fatigue, honorer ton stress. Bref, que du bonheur. Vautré·e sur ton lit, tu phases, à l’aide de lofi, ta fenêtre se métamorphosant en l’écran des jours heureux qui se sont écoulés dans la torpeur vacancière. Finis les cafés interminables avec tes ami·es. Finies les heures épanchées en lecture ou visionnage interminable. Finis les « U up ?» au milieu de la nuit, sans crainte des lendemains difficiles. 

118-777. Au revoir quiétude. Bonjour tristesse. Le deuil t’accable, tout comme la flemme et l’angoisse. C’est reparti pour six à sept semaines de boulot, d’échéances, de tensions, de dossiers, de réunions. En sachant que l’humanité s’effondrera dans quelques décennies et que la troisième Guerre Mondiale se prépare, est-il vraiment nécessaire de continuer ses études ? Oui, toi aussi tu traverses la réflexion existentielle du bien-fondé du lycée. Passage obligatoire en ce jour maudit. Il faut reconnaître que le projet d’aller élever des lamas dans la Cordillères des Andes, ou celui de recueillir un bébé cachalot au port du Havre ne te paraît pas tout à fait déconnant dans ce contexte. 

Sérieusement, ce n’est pas si terrible les cours. Oh, oh, oh. Quel mensonge. Dans le jargon, on appelle ça du déni ou de l’auto-persuasion. Tu ne veux pas entendre le réveil. Tu ne veux pas te lever. Tu ne veux pas fermer ce sac trop lourd. Tu ne veux pas faire ce chemin quotidien, que tu exècres. Tu ne veux pas t’assoir sur cette chaise inadaptée. Tu ne veux pas compter les minutes excessivement lentes, sur l’horloge murale. Tu as juste envie de te rouler dans ta couette et de fusionner avec ton matelas. 

Force à toi, qui me lis. Dans quelques années, ce sera fini. Oh, attends. Je n’ai rien dit. Tu es condamné·e à redouter les fins et espérer les débuts. Soumis·e à la boucle infinie de la nostalgie. Nous sommes tous·tes dans ce même bateau mélancolique. C’est une énième galère lycéenne.

Par Inès Olivié, TS2

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