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Le prochain Pangolin qui me souhaite mon anniv, je le bute

« Oh mais tu vas voir ton année de Terminale tu t’en souviendras toute ta vie ! Profites-en à fond !!! Et puis ton anniversaire de 18 ans, wahouuu ! Tu vas voir c’est mémorable de fêter sa majorité ». Pour être mémorable, c’est mémorable.

Petite information surtout pour les plus casaniers d’entre nous : depuis plus d’un mois nous sommes confiné•es, c’est-à-dire aucun moyen de fêter son anniversaire dignement et surtout pas comme prévu. Oui, même si la majorité des activités sont en pause, on continue de vieillir. Certain•es, comme moi-même, ont ou vont fêter leur anniversaire durant cette crise sanitaire. Honnêtement ce n’est pas le truc le plus dingue du monde.

Imaginez, depuis tous•tes petit•es, on nous tartine des tonnes d’histoires génialissimes à propos du lycée et particulièrement à propos de la terminale et de l’anniversaire de la majorité. Déjà que réaliser que je ne vivrai pas une péripétie digne des plus beaux films à l’eau de rose américains qui se déroulent durant la période highschool, ça a été dur.

Mais en plus, à cause d’un Pangolin, oui oui c’est un peu de sa faute, je ne vois pas mes ami•es, une petite détox de sociabilité ?

Je pense que le plus dur c’est de briser son rêve d’anniversaire parfait. Même si depuis la 6eme j’ai compris que je ne vivais pas dans un film américain, j’avoue que j’ai depuis longtemps fantasmé mon anniversaire de 18 ans. En somme, ce n’est qu’un an de plus, mais c’est un âge très représentatif, c’est la transition légale d’enfant à adulte, le moment précis où on n’a plus besoin de fausse carte pour acheter de l’alcool (à consommer avec modération), le jour qui nous fait vieillir d’un jour seulement mais qui nous fait rentrer dans le vrai monde adulte.

Depuis quelques mois, j’ai ma salle d’anniversaire, avec une amie on a organisé une soirée commune, nos invité•es étaient tous•tes au taquet. J’hésitais encore entre 2 tenues, quand ma mère est rentrée dans ma chambre et m’a dit « lundi tu vas plus à l’école, ta soirée ne pourra pas avoir lieu ».

Petit choc hein ? À quoi vont me servir tous ces ballons stockés dans mon placard, les quelques bouteilles de champagne qui attendent sagement dans la cave et pour lesquelles j’ai payé le droit de bouchon, … et puis est-ce que je vais pouvoir décaler ma fête ? Est-ce qu’un jour je pourrais vivre mon anniversaire « parfait » ? Tant de choses qui sont encore bien trop incertaines.

Être enfermé•e chez soi pour son anniversaire c’est bizarre, un peu comme une punition qu’aurait subie une princesse dans Disney. Mais bon, on m’a toujours promis un anniversaire de 18 ans mémorable, je l’ai eu.

La veille de mon anniversaire, je suis allée me coucher tôt pour dormir une dernière fois jeune, au réveil j’ai pu admirer les stories de mes potes ainsi que la super vidéo qu’iels m’avaient concoctée spécialement. Je vous l’accorde ce n’était pas comme prévu, mais comme dirait ma mamie, avec qui je n’ai plus aucune excuse pour ne pas l’appeler pendant 3 heures : « Ton année, tu vas t’en souvenir toute ta vie, peut-être pas pour les bonnes raisons, mais tout le monde s’en rappellera avec toi, ce sera mémorable pour tous•tes ».

Comme quoi, il faut arrêter de fantasmer le futur et de créer trois tonnes de plans foireux pour finalement être déçu•es, mais plutôt savourer l’instant présent. (bon, par contre une salle ça ne se réserve pas au dernier moment)

Je vous laisse maintenant avec des petits témoignages d’autres membres de l’équipe Paradoxe, pour qu’on se sente moins seul•e dans cette galère.

Léa, qui a eu (la chance) de fêter ses 17 ans :

« Mon anniversaire était le mercredi 25 mars, soit quelques jours seulement après l’annonce du confinement ; il n’y avait donc absolument aucun horizon de sortie… J’ai dit adieu à ma soirée d’anniversaire, remballé mes chaussures de danse et essayé de voir le positif dans tout ça. Après tout, cela allait être une anecdote assez drôle et originale à raconter plus tard ! Et j’avouerai avoir eu de la chance : avec mon année d’avance, je ne fêtais que mes 17 ans entre les quatre murs de ma chambre, et non pas ma folle majorité !

Alors, comment se passe un anniversaire confiné ? Il est rempli d’appels vidéo avec vos ami•es, de possibilités de traîner, prendre soin de vous et faire ce que bon vous chante chez vous ! Et, avec des ami•es en or et un papa investi, vous aurez peut-être même une réunion surprise avec tous•tes vos meilleur•es ami•es ! Comme s’iels étaient là… ou presque ! Finissez la journée par un atelier cuisine digne d’un restaurant étoilé pour compenser et le tour est joué.

Enfin bref, si mon anniversaire ne s’est pas déroulé de façon habituelle, il reste une expérience spéciale et un jour dont je me rappellerai. Et, quand on y pense, que demander de plus pour fêter un jour si spécial que la présence de ses proches – même à distance – un bon repas et une journée pour soi ?

Mais surtout, n’oubliez pas : on se rattrapera 😉 »

Tiphaine se projetant dans le futur :

      « Au début je ne voulais pas fêter mon anniversaire sauf que mes potes m’ont tous•tes dit que ça serait trop bien. Résultat, j’étais déterminée à préparer mon anniversaire comme jamais. J’avais trouvé un thème, ma liste d’invités était presque terminée et il ne manquait plus qu’à prévenir mes potes. C’était début mars.

Mi-mars, l’annonce du confinement ne m’a pas vraiment alertée sur le moment.

On est début avril et je sais maintenant que je ne fêterai pas mon anniversaire… Je suis partie me confiner en Bretagne avec mon père et mes sœurs. Grosse erreur. Ma mère, mon chez moi, mes affaires me manquent. Comment je suis supposée passer des superbes 18 ans alors que je n’ai absolument pas à la tête ? Bref, mon anniversaire n’est pas encore passé mais je ne l’attends pas du tout de bon pied… »

S.O. 18 ans avec un peu de chance après le confinement ?

« Je me suis toujours foutu de mon anniversaire. C’est un jour comme les autres. Il m’est déjà arrivé de l’oublier. En cette date qui devrait me ravir, je ne suis submergé que par une mélancolie indescriptible, celle de voir défiler le temps à une vitesse folle. Mais là n’est pas le sujet. 2020. Ma majorité. Ça se marque non ? Soirées, déboires, rires et liberté. Sauf que Corona a opté pour des dix-huit ans calfeutrés. Je suis chanceux, je suis né en mai, après la fin du confinement. Je devrais être en capacité de voir mes ami#es. Toutefois, une angoisse a crû, dans la pénombre de la pandémie. Je n’avais déjà pas foi en mon avenir, chaque année supplémentaire me rappelant à quel point je suis dans la merde pour le futur. A mesure que j’avance, je raie des objectifs de ma vie, tels « avoir son appartement à vingt-cinq ans » ou « profiter de sa paie médiocre en arrivant à boucler sereinement les fins de mois ». Et ça a été le coup de grâce. Le vide. Ne pas avoir de bac, de rites de passage ni même de majorité. Je suis voué à tâtonner, les milestones de mon existence étant balayées au fur et à mesure. Mais surtout, cet anniversaire a réveillé une solitude profonde. Dévorante. Que je ne peux plus ignorer. Et happy birthday march, april and may babies. »

Amandine, quelques jours avant de souffler ses bougies par GoogleMeet :

      « On est en avril, il commence à faire beau, on veut sortir mais… on ne peut pas. C’est frustrant la vie non ? Et vous savez ce qui est encore plus frustrant ? Se dire qu’on va fêter sa majorité confinée.

Si un mec m’avait arrêtée dans la rue pour me dire « Amandine, tu vas passer la journée de tes 18 ans enfermée à cause d’un pangolin », je ne l’aurais pas cru. Personne ne l’aurait cru d’ailleurs. Mais voilà, nous sommes le 5 avril à l’heure où j’écris ces mots, mon anniversaire est dans trois jours et honnêtement je ne sais pas comment l’appréhender. Quand j’y pense, j’avais prévu tout pleins de choses pour cette journée qui devait être si spéciale. Alors savoir que je ne pourrai pas voir mes ami•es et profiter du beau temps, ça me déprime un peu. Surtout que le corona m’a déjà volé ma soirée d’anniversaire, je vais devoir encore attendre pour pouvoir le fêter (oui je me plains mais un mois enfermée c’est dur, vous le constatez vous-mêmes).

Pour résumer mon état actuel, j’hésite entre passer la journée sous un plaid à manger des cornichons (c’est la seule chose qui reste dans mon frigo askip) en train de me lamenter devant une fin d’année foutue. Ou alors je trouve un moyen de vivre cette journée de la meilleure des façons, en la passant sur Houseparty avec mes ami•es et en chantant à tue-tête des chansons débiles depuis mon balcon. On s’enjaille comme on peut hein. Peut-être même que mon voisin en peignoir écossais se joindra à nous pour chanter I will survive.

On verra bien, au moins je pourrais toujours faire un gâteau et souffler sur un briquet à défaut d’avoir des bougies ! »

Clémentine, trois jours après avoir fêté sa majorité :

      « Je n’ai pas fêté un anniversaire confiné, mais l’anniversaire de mes 18 ans. Vous savez, celui dont on a déjà tout prévu, tout rêvé à l’avance. Pour moi ce devait être une énorme soirée avec mes potes, puis 18 shots lorsque minuit sonnerait à Montmartre et enfin les bras de ma copine.  A une semaine près, j’aurais pu avoir ça.

Finalement ce fut chez moi et plutôt seule que je le fêtai. La perspective me déprimait un peu, mais le samedi soir je me suis sentie prise d’une légère folie, je mis ma plus belle chemise hawaïenne, sorti une bouteille de rosé que j’avais planqué et commençai un appel avec mes ami•es. L’attente jusqu’à minuit fut longue, nous étions encore sous le choc du confinement. Par moment je sentais la tristesse avec l’ivresse me gagner mais à minuit iels m’ont sauvée. Iels ont chanté, iels ont souri, j’ai même soufflé mes bougies, ensuite j’ai appelée ma copine et puis j’ai envoyé plein de messages pour remercier ceux•celles qui n’étaient pas là. Ce fut une belle soirée.

Le lendemain s’annonça dès le réveil plus compliqué, ce jour-là quelques absurdes larmes ont coulé et surtout je me sentais vide, vide des 18 ans que je ne croyais pas avoir eu. Heureusement là encore des gens étaient là. Le repas de famille, ma sœur, derrière un écran, fut drôle et touchant avec ces cadeaux de bric et de broc, un peu pitoyables, mais au fond réconfortants.

Si je devais expliquer ça avec une image un peu bancale, ce serait comme faire la planche dans la Manche. On a le dos dans l’eau glacé sentant sous soi les sombres profondeurs mais en même temps le reste du corps est délicatement réchauffé par de chaleureux rayons de soleil. »

Joyeux anniversaire à tous•tes les confiné•es, force à nous !

Promis, on se rattrape après tout ça et après notre non-bac pour les terms!

Un article de Fiona Ragonneau.

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