Carte d’identité du Boeing Max
Constructeur | Boeing (Américain) |
Passagers | Entre 130 et 230 selon les versions |
Taille et Masse | 36m de large, 12 de haut et 88 tonnes |
Vitesse et altitude de vol | 850 km/h à 13 km d’altitude |
Rayon d’action | Entre 6000 et 7000 km |
Prix | Environ 100 millions de dollars |
Crash | 2, 346 victimes au total |
Le contexte
Cet avion a un passé déjà chargé. Faisons simple pour vous dresser le contexte. Le Boeing 737, c’est un avion mondialement connu. C’est un des avions les plus vendus dans le monde depuis son premier modèle produit en 1965. Il s’agit d’un avion moyen-courrier avec 189 sièges disponibles. Les compagnies aériennes utilisent donc beaucoup cet avion. Il permet de réaliser des vols pouvant durer jusqu’à 6 heures et s’est vendu partout dans le monde. L’avionneur américain comprend très vite que cet avion deviendra réellement un de ses best-sellers. Il décide donc de redessiner son appareil pour “étendre sa gamme” et présenter aux compagnies différentes versions de son avion.
Le Boeing 737 est donc développé avec des nouveaux moteurs, des performances globales améliorées (plus rapide, moins de consommation de carburant, plus éco responsable…) et différentes longueurs. Aujourd’hui, le 737 est répandu dans le monde entier, à hauteur de 10 578 avions livrés.
Le MAX, le nouveau 737
Boeing décide en 2014 de lancer un nouveau programme d’études sur le 737 pour dessiner et imaginer le 737 du futur. Le projet avance rapidement et les ingénieur•es de Boeing ont une idée en tête : créer un avion toujours plus économique, plus confortable, plus rentable, moins polluant et surtout moins cher. Cependant, le défi est de ne pas trop modifier l’avion pour que les pilotes qualifié•es sur les autres versions du 737 puissent piloter ce nouvel avion sans formation supplémentaire. En clair, il s’agit d’imaginer un nouvel avion innovant, mais sur les bases de l’ancien sans grosse modification majeure pour les pilotes et les équipages.
En janvier 2016, les premiers vols des 737 MAX sont réalisés. Les tests sont très concluants et l’avion tient toutes ses promesses. La production est donc lancée à rythme soutenu et très vite les premiers exemplaires sont livrés, notamment en Asie et aux États-Unis. Le modèle a d’ailleurs eu du mal à trouver sa clientèle en Europe, où les compagnies préféraient conserver l’ancien modèle du Boeing.
Le début des problèmes
En Asie, l’une des compagnies qui utilisent le nouvel avion est “Lion Air”. Cette compagnie est un low-cost populaire en Indonésie ; très empruntée, elle jouit d’une excellente réputation, notamment pour la très bonne maintenance effectuée sur ses appareils. Le 29 octobre 2018, le vol 610 de Lion Air, opéré avec un Boeing 737 MAX, décolle avec 189 personnes à bord depuis l’aéroport de Jakarta. Quelques minutes plus tard, il s’écrase dans la mer de Java, tuant ainsi tou•tes ses occupant•es.
Quelques mois plus tard, le 10 mars 2019, le vol 302 d’Ethiopian Airlines décolle avec ses 157 passager•es et membres d’équipage depuis l’aéroport d’Addis-Abeba en Éthiopie. Le scénario semble se répéter : à peine l’avion avait-il quitté le sol qu’il se crasha quelques kilomètres plus loin.
Compagnie | Lion Air | Ethiopian |
Localisation | Kuala Lumpur, Indonésie | Addis-Abeba, Ethiopie |
Date | 29/10/2018 | 10/03/2019 |
Nombre de victimes | 189 | 157 |
Pour les enquêteurs•trices, ce dernier crash et la reproduction exacte du même scénario à chaque fois prouvent que le Boeing 737 MAX a un défaut technique dans sa conception. Tous les avions 737 MAX sont donc bloqués au sol et les compagnies, comme Boeing, perdent de l’argent. Les enquêteurs•trices étudient donc comment cet avion a été dessiné et comment les ingénieur•es américain•es ont imaginé et introduit les nouvelles modifications de l’avion. Ainsi, ils découvrent le nouveau système MCAS. Ce système visait à compenser les déséquilibres de l’avion. En effet, cet avion dispose de nouveaux moteurs, beaucoup plus grands et plus lourds. Il a donc fallu modifier le centre de gravité de l’appareil et avancer les deux moteurs vers l’avant. Le problème, c’est que cette modification du centre de gravité incite parfois l’avion à monter naturellement au lieu de voler à plat. Boeing a donc imaginé ce système MCAS qui compensait automatiquement ces montées “surprises” et inattendues de l’appareil. Mais souvenez-vous : Boeing ne veut pas augmenter le coût de cet avion pour les compagnies et essaie d’éviter aux pilotes une nouvelle formation coûteuse pour piloter ce nouvel avion. Or, ce nouveau dispositif nécessiterait normalement une formation pour les pilotes. Ainsi, Boeing a tout simplement caché aux pilotes, aux compagnies, et même à la FAA (l’organisation de sécurité aérienne aux États-Unis qui valident la bonne sécurité des avions produits aux USA), l’existence de ce nouveau système.
Les pilotes de Lion Air et d’Ethiopian ont donc été confronté•es à une panne d’un système dont ils ne connaissaient même pas l’existence ! Difficile de réagir rapidement et efficacement dans ces conditions.
Boeing a donc dû gérer cette situation complexe. La confiance entre le•a constructeur•trice et les compagnies a été lourdement affectée et les passager•es qui suivaient cette affaire dans les médias devenaient méfiant•es en entrant dans un avion Boeing. Les pertes sont monumentales : Boeing ne peut livrer ses avions construits et les compagnies ne peuvent pas profiter des nouveaux avions moins coûteux. Boeing retravaille sur les systèmes de cet avion et crée de nouvelles documentations pour les pilotes.
Le nouveau MAX
Récemment, le MAX a de nouveau décollé depuis le Boeing Field à côté de Seattle et les ingénieur•es ont obtenu des résultats “très encourageants”. Les nouveaux systèmes semblent fonctionner parfaitement et Boeing espère revoir voler ses avions mi-2020.
Même si le Boeing 737 MAX dispose à nouveau d’autorisations de vol, il est probable que certain•es passager•es ne souhaitent pas prendre cet avion, réputation oblige. Cependant, pour les compagnies, cela serait une excellente nouvelle : le nouvel avion réduirait les coûts et permettrait peut-être de faciliter la gestion de l’après-Covid.
L’avis du rédac
Que penser donc de cet avion ? Est-il inquiétant de voir sur son billet : “opéré par un Boeing 737 Max” ? Je vais vous donner ici mon avis. Ce n’est que mon avis… Cet avion, il vole, bien, très bien. Il est l’héritier d’années de recherches et de travail de la part d’ingénieurs très compétents. Il est construit avec des matériaux et des technologies poussés provenant de partout dans le monde, même de France (les moteurs notamment) ! Néanmoins, le temps qu’a voulu gagner Boeing en expédiant son développement de la nouvelle version a eu raison de la rigueur qui doit normalement régner. Cela explique des erreurs, des oublis, qui ont malheureusement causé les catastrophes dont j’ai parlé. Je pense qu’avec un travail de révision complète de l’appareil, de ses systèmes et des mises à jour des systèmes défectueux, cet appareil redeviendra un avion parmi les plus sûrs et les plus confortables des prochaines années. Le conseil est donc d’attendre les validations officielles de l’appareil et les premiers vols commerciaux puis monter sereinement à bord des avions, en pleine confiance, en ayant en tête les recommandations de votre rédacteur dévoué 😉
Rien n’est encore fait et le dossier MAX est à suivre. Comptez sur votre rédacteur pour suivre cette affaire !
Paul SALUSTE 1ère2