Paradoxe
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Galères lycéennes

Le crush

Bzzz bzzz. Serait-ce il/elle ? Argh, non, c’est juste ton père qui te demande de prendre du pain en rentrant. Tes ami·es ricanent, taquinant la rougeur violente qui fleurit ton visage au son du prénom béni. Oui, on a compris, il ou elle te plaît. En réponse à ses messages, tes dents se dévoilent dans un sourire imbécile. Tu tentes des rapprochements très peu subtils, sous l’œil hilare de tes potes. Ta fébrilité dans ce câlin te trahit. De même, pourquoi te retrouve-t-on toujours dans sa classe, à rôder dans l’espoir de l’apercevoir ? On t’a percé·e à jour, il ou elle occupe tes pensées. 

Le/la professeur·e t’interroge. Bien évidemment, tu n’as rien écouté, plongé·e dans les films oniriques que ton imagination projette au fond de ton cerveau. Ce n’était pas le ciel bleu qui t’absorbait tout entièr·e mais des scénarios dégoulinant de tendresse. Toi qui t’étais toujours revendiqué·e comme un·e dur·e dont le cœur ne s’affole que dans de rares instants d’égarement, tu te sens bête à ses côtés. Tu tentes de dissimuler ton désarroi, à grand renfort de stoïcisme mal imité, de rires nerveux ou de fuites paniquées.  De toute manière, il ou elle ne s’intéressera jamais à toi, à quoi bon espérer ?  

Te voilà prostré·e sur ta table. Tu boudes. Aïe, la redescente est difficile. Tes pauvres rêves ont volé en éclats au détour d’une crise existentielle, sous de tardifs draps. Ce que tu désires t’est inaccessible. Il ou elle ne t’accordera jamais un regard. Alors que tu rumines ces idées grises, une main enserre ton bras avec douceur. Des yeux te caressent, cherchant la cause de ta tristesse dans tes pupilles humides. C’est il/elle. Mais ce n’est que de la pure gentillesse. A moins que ? 

Laisse-toi aller. Que ton cœur batte, que tes sentiments s’excitent, que tu sois obnubilé·e par ton crush. Cela soulage de se focaliser sur des détails futiles de la vie, l’existence prend une tonalité moins amère. Surtout lorsque les sentiments ne sont pas inhibés. Ce serait stupide de louper une possible histoire. Par timidité ou peur. Dis-lui, tu en seras soulagé·e. Nous savons que cela semble insurmontable, même si ça ne l’est aucunement. Nous sommes tous dans ce même bateau sentimental. C’est une énième galère lycéenne.

Par Inès Olivié, TS2

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