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La rédac' Billets d'humeur

Le stress : quels effets sur l’organisme et quelles méthodes pour le combattre ?

Dans le contexte de la crise sanitaire que nous traversons, il m’a semblé intéressant de parler du stress, qui nous touche tous en tant qu’élèves et personnes confinées. De nombreuses études ont en effet montré une hausse des angoisses chez les jeunes et chez les adultes. Il apparaît ainsi essentiel de mieux connaître cette notion et d’apprendre à la combattre. 

Les origines du stress

Le mot stress possède plusieurs origines. Il découle du latin stringere qui signifie « rendre raide », « serrer », « presser ». Autant dire que le mot parle de lui-même. Cette racine est reprise par le terme anglais distress qui veut dire « détresse ». Ainsi, le mot « stress » regroupe plusieurs notions. Il constitue une cause, soit une agression contre l’organisme, (« Le stress m’empêche de dormir. »), une réaction, soit ce que fait la personne angoissée, (« Je suis stressée à l’idée de passer cet entretien. ») et une conséquence, soit les effets de celui-ci sur le corps. (« Des plaques sont apparues sur mon corps, signe d’un état de stress important. »)

Bien qu’il soit surnommé « le mal du siècle », le stress constitue un instinct nécessaire à notre survie. Il déclenche en effet la production de cortisol et d’adrénaline, qui combinés engendre une fuite rapide de la proie face au prédateur, dans la majorité des cas. Il peut arriver au contraire que la personne se paralyse et soit incapable de bouger, ou qu’elle s’évanouisse. Ce mécanisme n’est pas propre à l’humain, les animaux réagissent de la même façon. Cependant, lorsque la pression se prolonge, le corps ne parvient plus à tout maîtriser.

On distingue deux états de stress par leur durée : le stress aigu et le stress post-traumatique, diagnostiqué comme tel par un médecin après un mois d’état de stress permanent. 

Tout le monde peut être soumis à un état de stress. L’intensité de celui-ci varie cependant selon les individus. Une personne à caractère anxieux, hypersensible ou encore atteinte d’une maladie psychologique y est bien plus sujette.

Le stress n’a pas immédiatement constitué une notion psychologique. Il a en effet d’abord été défini par l’endocrinologue Hans Selye (1907-1982) comme « un processus physiologique de réponse de l’organisme à une agression ». Un endocrinologue est une personne qui étudie le fonctionnement des hormones et leurs effets sur l’organisme, ainsi que les maladies qui en découlent. H. Selye explique qu’un sujet stressé s’adapte en réalité à son environnement perçu comme anxiogène. Cette adaptation s’effectue en trois phases, qui sont similaires aux réactions face à un traumatisme. 

Premièrement la « réaction d’alarme ». Celle-ci mobilise toutes les forces de défense pour faire face au danger. A noter que le stress est irrationnel, la personne n’est, dans la majorité des cas, pas dans une situation à risque. Cette phase peut durer quelques minutes comme plusieurs heures. Cette réaction est déclenchée grâce à notre système sensoriel qui détecte les menaces extérieures, ce qui peut permettre, dans certains cas, de fuir. La « réaction d’alarme » permet d’adapter la réponse de l’organisme à la menace en diminuant certaines de ces fonctions. Ainsi, le corps nous protège de l’épuisement, nous permettant d’être plus rapide, efficace, dynamique, et de pouvoir se défendre plus longuement si besoin.

Deuxièmement, « le stade de résistance ».  Il permet à l’organisme de compenser les pertes d’énergie occasionnées face à la peur d’un danger, rationnelle ou non. Il entraîne également un maintien des efforts si l’environnement est réellement hostile. Durant cette phase, il se produit une réaction hormonale, avec la sécrétion du Cortico ou Cortical Releasing Hormone (CRH), aussi appelée « hormone de libération », par l’hypothalamus. L’hypothalamus joue un rôle essentiel dans la régulation du système nerveux autonome et des fonctions endocrines (sécrétion d’hormones dans le sang).

Enfin, « la phase d’épuisement », suivi de la « résilience ». Si le sujet est incapable de fuir la menace, l’organisme peine à fournir assez d’énergie pour continuer à se défendre, comme vu précédemment. Cette phase mène à une vulnérabilité du corps et conduit même à des maladies principalement cardio-vasculaires ou digestives, étant donné que l’organisme n’a plus de quoi combattre des agents extérieurs qui peuvent le mettre en danger, physiquement ou mentalement. Ne minimisons donc pas les effets du stress, qui peuvent conduire à des céphalées (maux de tête ou douleurs dans la nuque), des troubles du sommeil ou de l’humeur, des maladies psychologiques…

Cependant, il ne faut pas non plus s’inquiéter de façon trop conséquente. En effet, il existe de nombreux moyens très simples pour réguler ses angoisses.

Le stress, les intestins et l’inconscient : des alarmes pour une prise de conscience

Le stress est une réaction de notre cerveau. Cependant, il peut causer à cet organe certains dommages.

Les scientifiques ont tout d’abord remarqué un effet sur l’hippocampe. Il s’agit d’une structure cérébrale qui régule l’humeur, la mémoire, l’acquisition de connaissances et la concentration. Or chacun de ces éléments peut être directement affecté par la pression (le stress). Plus les états de stress sont réguliers et longs, plus l’hippocampe a tendance à diminuer.

Un autre lien a été établi : celui entre le stress et le cortex préfrontal. Celui-ci se rattache à l’adaptation de notre corps face à tout type d’environnement ou de situation. Il joue un rôle dans la prise de décision, d’initiative ou encore dans la conservation de notre sang-froid. Il est ainsi surnommé « cerveau de l’intelligence ». Sous pression, le volume de la substance grise baisse, principalement dans cette partie du cerveau. Le flux sanguin diminue aussi, ainsi que le métabolisme du glucose. Ainsi, certaines personnes ne peuvent plus contrôler leurs émotions, choisir entre plusieurs propositions ni s’adapter à leur (nouvel) environnement.

Enfin, la relation entre le stress et l’amygdale. Celle-ci contrôle les émotions, notamment l’anxiété et la peur, soit des émotions dites primitives ou instinctives. Contrairement aux autres parties énoncées ci-dessus, l’amygdale a tendance à augmenter de volume de façon drastique sous l’effet du stress. En découle un état d’irritabilité, d’agitation anxieuse ou d’hypervigilance par exemple (à ne pas confondre avec de la paranoïa).

En conclusion, plus les épisodes de stress sont fréquents, plus le cerveau risque d’être endommagé, de façon irréversible dans les cas les plus graves (par conséquent pas dans la majorité des cas).

Pourquoi dit-on que les intestins fonctionnent comme un deuxième cerveau ?

Comme vu depuis le début de cet article, face à un état de stress, l’organisme appuie en quelque sorte sur le bouton « fuite-protection ». Ainsi, les systèmes hormonal, nerveux et immunitaire sont stimulés et ont des effets sur nos intestins.

Le stress provoque des troubles dans le système digestif, d’où les nausées, maux de ventre ou envie d’uriner, que nous avons tous expérimenté un jour. Lorsque le cerveau est dépassé, il mobilise le cortex préfrontal qui inhibe les actions de l’amygdale qui finit par agir « comme bon lui semble » et joue sur le système digestif. Les principales réactions sont : une digestion qui se fait plus lentement, la motricité et la sécrétion du côlon stimulées, conduisant à quelques incontinences, et le glissement des bactéries situées dans nos intestins entre les cellules de la muqueuse, pouvant engendrer des inflammations. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, notre corps ne fait pas « n’importe quoi ». En réalité, il envoie le message suivant au travers du corps et plus particulièrement des intestins : « Tu n’en peux plus, ton corps n’en peut plus, stop ! ». Notre organisme se débarrasse de tout ce qui est superflu d’où les nausées ou les personnes qui ne peuvent se retenir lorsqu’elles ont peur. Par ce mécanisme, le corps pompe un maximum de sang pour donner plus d’énergie et permettre de fuir plus vite. C’est pour cela que stressé, il peut arriver de courir bien plus vite qu’à la normale.

Que révèle le stress sur notre inconscient ?

Il est très difficile d’expliquer de façon claire et concise ce lien pourtant existant. Je vais donc m’atteler à cette tâche en quelques lignes, en tenant d’être la plus compréhensible possible. 

La partie préfrontale de notre cerveau émettrait, selon les études, un message d’alerte provenant de l’inconscient. Une partie du cortex s’activerait face à une incohérence et déclencherait du stress. Il a beau être facilement visible que nous stressons, nous ne comprenons pas toujours pourquoi. Ce n’est plus le cœur qui a ses raisons que la raison ignore mais l’inconscient qui retient et crée des raisons que nous-même ignorons. Parfois, le conscient ne réalise pas le problème, voire même le refoule parce que cela le gêne (une forme de déni). D’où l’idée que reconnaître et comprendre le mécanisme du stress s’avère une solution pour le combattre.

Un autre élément intervient : l’archaïque reptilien, qui comprend les instincts les plus primitifs et anciens de notre corps et esprit. Il amplifie les réactions liées au stress. En effet, il conduit à chercher à l’extérieur du corps les menaces, sans prendre en compte celles de l’intérieur, ce qui nous induit en erreur et donne du fil à retordre à notre conscience pour identifier la ou les causes du stress.

Cependant, l’inconscient transmet bien un message. Par exemple, stresser par peur de ne pas réussir révèle en partie un manque de confiance en soi dont nous n’avons pas forcément conscience.

Comment combattre le stress ?

Les situations qui engendrent un état de stress sont souvent les suivantes : un changement dans la vie de tous les jours, un traumatisme, une pression quotidienne, un examen ou un entretien à passer (et donc à réussir pour la personne), un passage à l’oral devant un public (où là encore il faut tout contrôler pour éviter de se ridiculiser), ou un danger réel devant lequel il faut réagir rapidement. Des signes sont facilement remarquables : augmentation du rythme cardiaque, un appétit moindre, une fatigue intense, des difficultés à se concentrer, des tremblements, des sueurs, des malaises vagaux, une fixation sur la menace et l’idée que rien ne peut nous permettre de la combattre… Par exemple, un•e élève souffrant d’une crise d’angoisse devant un contrôle ne pourra faire appel à sa rationalité et se persuadera seul•e de son incapacité à réussir. Pour le reste des cas qui causent du stress, ils constituent majoritairement des problèmes au quotidien ou une mauvaise hygiène de vie, telle que le tabagisme, la prise de drogue, une alimentation déséquilibrée ou encore des insomnies régulières.

Mais pas de panique — si je puis me permettre d’ajouter à ce sujet une pointe d’humour – ! Il est évidemment possible d’apprendre à contrôler son stress ! Voici quelques conseils :

Tout d’abord, un grand pas est déjà fait si l’on est capable de reconnaître les symptômes du stress et d’en comprendre le fonctionnement. Notre connaissance du sujet et de nous-même permet en effet de réagir plus vite et d’atteindre si possible un niveau de rationalité dont nous éloigne bien souvent toute forme d’angoisse.

Ensuite, il apparaît essentiel de discuter et d’extérioriser ce stress, notamment (mais pas seulement), lorsqu’il est conséquent et régulier. Les proches ou les professionnel•le•s, tel•le•s que les psychologues et psychiatres, mais aussi les homéopathes, peuvent aider considérablement. D’autres méthodes se sont révélées très prometteuses à l’instar de l’hypnose ou des massages (shiatsu et thaï principalement), très prisés pour se détendre en Asie.

De plus, il a été démontré que pratiquer une activité sportive régulière (oui, le même slogan que celui des publicités) entraîne une production d’endorphines (comme le chocolat) qui procurent une sensation de bien-être et de libération. Se dépenser permet également de se concentrer sur autre chose que sur nos idées noires ou sur toute forme d’angoisse. Il a pour cette raison, été reconnu que nous apprenons bien mieux et que nous sommes plus enclins à nous concentrer après des pauses qui nous déconnectent d’une réalité potentiellement stressante, et ce, encore plus si nous faisons du sport ! Apprendre en courant par exemple, est très efficace. Réviser après s’être dépensé aussi. Les sports les plus conseillés sont les suivants : la natation, l’équitation, la marche, la course, ou encore le yoga.  Sans oublier que l’atteinte d’objectifs, comme dans le cadre d’une pratique sportive, permet de booster la confiance en soi et d’inverser la tendance angoissante qui consiste à croire que « l’on n’y arrivera pas » et que « c’est impossible ». 

La socialisation entre aussi dans les méthodes pour combattre le stress, pour des raisons similaires aux deux éléments cités au-dessus. Elle permet d’un côté de se rassurer, de partager ses inquiétudes et donc en partie de les extérioriser, et d’un autre côté de penser à autre chose, de se détendre, de rire, de s’amuser, de découvrir, de se tester (j’entends par là remplir des défis que l’on se fixe et prendre confiance en soi). Ainsi, on se distingue au sein d’un groupe en réalisant qu’on en est un membre à part entière, et on prend conscience de ses capacités.

Enfin, des applications et des exercices ont été développés afin d’aider à se concentrer sur sa respiration. En diminuant la fréquence cardiaque qui augmente considérablement sous pression, le stress redescend presque automatiquement.

Il existe bien entendu d’autres solutions au stress, telles que de s’épanouir dans une passion, d’écrire ses pensées dans un journal… Toutes ces méthodes insistent sur l’importance de garder contact avec la famille comme avec les ami•e•s, de fixer ses pensées sur d’autres éléments que ceux•elles qui nous angoissent et de prendre confiance en soi en arrêtant de se dégrader ou d’hésiter comme avec les phrases « Non, je ne peux pas, c’est trop difficile. » ou « Je suis nul•le et je ne parviens à rien de toute façon ».

Attention toutefois, certaines personnes ont tendance à croire que l’alcool ou la drogue aident à lutter contre les angoisses. Cette idée est fausse, malgré l’effet relaxant que peuvent procurer ces deux éléments. Bien au contraire, ils peuvent tous deux conduire à de graves problèmes de santé qui, au lieu de soigner le stress, l’amplifient.

Pour conclure, le stress est un sentiment relié à la peur que nous expérimentons tous plus ou moins intensément. Il enclenche des réactions physiologiques et psychologiques plus ou moins importantes. Sur une longue durée, il peut devenir dangereux et nécessite d’être soigné. Plusieurs solutions existent pour y faire face et peuvent s’avérer très simples à mettre en place !

Marion Danset, T2

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