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Eminem, du Trailer Park au succès

S’il est aujourd’hui reconnu comme un des plus grands artistes du monde, la vie n’a pendant très longtemps fait aucun cadeau au rappeur.

L’homme aux 225 millions de disques vendus n’a en effet pas toujours vécu dans le luxe, loin de là. De sa naissance jusqu’au début des années 90, Eminem a vécu des années difficiles, dans la pauvreté et les problèmes. Il naît alors que sa mère n’a que 17 ans, et son père les abandonne alors qu’il n’a que 9 mois. Ces derniers l’appellent Marshall Bruce Matthers III, sans doute dans la continuité du nom de son père ; Marshall Bruce Matthers Jr. Il est possible de mieux comprendre les prémices de sa carrière en regardant le film 8 Mile, une œuvre « semi-biographique » comme le précise l’artiste.

Ce film fait le récit de Jimmy Smith Jr, un jeune homme de Detroit (ville où Eminem a passé la majeure partie de sa jeunesse) qui a pour rêve de se lancer dans le rap. Le problème est qu’il ne parvient pas à saisir les opportunités, par exemple lors de battles où il ne prononce pas un mot devant la foule qui le hue. En attendant, il travaille à l’usine et vit avec sa mère dans une caravane au beau milieu d’un trailer park : un regroupement de Mobil-Home créant une sorte de « quartier sur roue » assez courant dans les quartiers pauvres. On peut notamment voir le même exemple dans Sex Education avec Maeve qui vit également dans un trailer park. 8 Mile aborde les problèmes sociaux auxquels il a été confronté, à commencer par le titre, qui désigne la route qui démarque Detroit, où la population est principalement noire, de la banlieue nord dont la population est majoritairement blanche. Jimmy, tout comme Eminem, ne doit pas seulement faire face à la pauvreté, il subit aussi des problèmes d’intégration sociale, et est souvent le bouc émissaire des gens qu’il côtoie. Tout cela fait partie du « white trash », terme américain désignant la population blanche pauvre. Le mouvement du rap et du hip-hop venant principalement des milieux les plus populaires, on voit au début peu de rappeurs blancs venant de ces quartiers-là, car ils sont assez rejetés et ont du mal à gagner en notoriété. Jimmy, tout au long du film, parvient à faire de l’ordre dans sa vie jusqu’à gagner une battle contre ses rivaux, voyant enfin les autres l’accepter. Au même titre que Jimmy, Eminem se fait connaître grâce à ses battles mais peine à toucher un public plus large que sa ville. Il sort en 1996 son premier album solo, Infinite, sans succès. Trois ans plus tard, il revient avec le single The Slim Shady, qui arrive aux oreilles de Dr Dre, un célèbre rappeur de l’époque, qui le fera signer dans son label Aftermath Entertainment, le propulsant ainsi dans sa carrière à l’international. C’est pour le film 8 mile qu’a été écrite la chanson emblématique d’Eminem, Lose Yourself, qui si l’on se penche sur les paroles, raconte en fait l’histoire du film. C’est donc la chanson qui le représente le mieux, aussi bien dans son écriture que dans son succès, puisqu’elle obtiendra le titre de single de diamant et qu’Eminem sera récompensé de l’Oscar de la meilleure chanson originale grâce à elle. Il n’est pas le seul rappeur blanc à avoir fait succès, plusieurs autres artistes ont aussi su tirer leur épingle du jeu à la même époque. Le plus connu et apprécié est sans doute Eminem, mais MC Serch ou Mac Miller ont également connu un grand succès. Vanilla Ice, bien que ses musiques ne soient pas appréciées de tous, était même là avant Eminem. 

A titre personnel et en guise de conclusion, j’ai vraiment aimé 8 Mile. Appréciant beaucoup Eminem, le film m’a d’autant plus touché. Il aborde des thématiques significatives, et apporte une vision neutre et réaliste de ces quartiers qui nous permet d’en apprendre plus sur leur situation compliquée à vivre. Je le recommande vivement et lui attribuerais une note de 4/5. Je le conseille fortement à tous les fans d’Eminem et même du rap en général, car il aborde très bien une des facettes dans lesquelles ce style de musique est né. Il est accessible à tous, sauf peut-être aux plus jeunes, car il contient un peu de violence, mais vous pouvez sans problème le regarder en famille ou entre amis. Si vous n’avez jamais écouté Eminem et que vous souhaitez découvrir sa musique, je vous conseille quelques titres dont Lose Yourself bien sûr, mais aussi Rap God, The real Slim Shady, Not Afraid ou Godzilla, car il n’est jamais trop tard pour découvrir un artiste aussi talentueux, et qui a marqué plusieurs générations.

Pour qui ?Amateurs de rap et/ou fans d’Eminem, ou pour tous ceux curieux de connaître et d’approfondir l’histoire du rap. Si par hasard vous préparez un Rap Contenders*, allez voir ce film sur-le-champ.
Avec qui ?En famille ou entre amis
Les plus :Représentation réaliste, éléments culturels intéressants, Oscar de la meilleure musique originale (toute l’OST est géniale), émouvant.
Les moins :Comme l’œuvre n’est ni tout à fait une fiction ni totalement autobiographique, on ne sait pas pour chaque élément s’il est réel ou fictif. Mais bon cela fait vivre le mythe ! Je trouve le film parfois trop centré sur Eminem, les autres personnages auraient pu être plus développés à mon goût
Note4/5P

*Joute verbale de rap, souvent révélatrice de talents comme Nekfeu ou Alpha Wann en France, pour ne citer qu’eux.

Antoine d’Halluin, T5

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