Paradoxe
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La rédac' Billets d'humeur

Joséphine Baker, qui était-elle vraiment ?

Freda Joséphine McDonald, plus connue sous le nom de Joséphine Baker, fut un des personnages féminins les plus connus du XXe siècle. Cette femme emblématique a même été intégrée au Panthéon, le 30 Novembre 2021, et est ainsi devenue la sixième femme et la première femme noire à être entrée dans le temple républicain. [Actualisation, le 27 décembre 2021] Quand on entend le nom “Joséphine Baker”, quels mots nous viennent directement à l’esprit ? Pour ma part, avant d’assister à une visioconférence (car oui tout est en distanciel maintenant …) sur elle : chant, Paris, Paris, New York et bien sûr résistance. En réalité, c’est bien plus que ça.

Elle est passée de prostituée par sa mère pour gagner de l’argent dès son plus jeune âge, à une jeune fille passionnée de danse, à une danseuse et chanteuse sur les scènes de New York puis à Paris. Elle est ensuite devenue la star de son propre show, espionne durant la Seconde Guerre mondiale mais aussi mère adoptive de douze enfants. 

Toute sa vie, elle ne cessa de grimper les marches de l’escalier de la gloire et de toujours faire plus. Joséphine Baker est à connaître !

Tout a commencé en 1906, dans le Missouri, en pleins Etats-Unis de la ségrégation. Les Noirs n’avaient aucun droit, si ce n’est les restrictions : ne pas se rendre dans les lieux destinés aux blancs, leur laisser la place, et autres injustices du même genre.

Alors que Joséphine Baker vivait avec sa mère et le compagnon de celle-ci qui n’était pas des plus aimables, elle se découvre une passion pour la danse en observant les troupes de danseurs de jazz noirs des années 1920 dans les rues. A treize ans à peine, Joséphine avait assimilé un immense répertoire de danse : le charleston, par exemple.

Maltraitée à la maison, elle décida de partir sans prévenir sa mère et de se joindre à une troupe d’artistes de rue : The Jones Family Band. Peu de temps après, elle intégra les Dixie Steppers et se produisit sur scène pour la première fois.

Elle jouait la danseuse qui ne faisait rien comme les autres, qu’on appelait la « funny girl » (fille comique). Mimiques, faux pas, …

Elle enchaîna spectacles à Philadelphie et à New York : Shuffle Along, The Chocolate Dandies ; et même à Broadway, le summum des artistes ! Joséphine était devenue une artiste reconnue qui gagnait bien sa vie, et à l’époque, pour une jeune femme noire, c’est un miracle. Mais ambitieuse comme elle est, cela ne lui suffisait pas.

La chance va lui sourire, puisqu’elle rencontre une mondaine qui lui propose de partir avec elle à Paris. Cette femme voulait y créer un spectacle montrant le style des afro-américains : « La revue nègre ».

Joséphine Baker, avec son pagne de bananes et ses danses aux rythmes jamais entendus en France devient vite une icône. Les plus grands artistes la voient comme une muse.

La France est devenue alors pour elle son pays adoptif. Elle pouvait déjeuner dans les mêmes restaurants que les blancs et n’était pas forcément considérée comme inférieure.

Lorsqu’elle prolonge sa carrière dans la chanson, c’est un nouveau succès, avec le titre inoubliable J’ai deux amours et bien d’autres encore comme Paris, Paris. Si vous ne connaissez pas, il est toujours temps d’ouvrir YouTube et d’écouter !

Elle se produit partout : aux Folies bergères, au music-hall des Champs Elysées, au Casino de Paris mais aussi à l’écran dans de nombreux films.

Joséphine Baker dansant le charleston aux Folies Bergère 
à Paris lors de la Revue nègre en 1926
(photo de Waléry)

Après avoir passé une dizaine d’années à Paris, conquis et reconquis Paris autant sur scène qu’à l’écran, Joséphine voulait retourner dans son pays natal et briller à Broadway comme elle l’avait fait à Paris.

Elle participa donc aux Ziegfeld Follies (une série de productions théâtrales à Broadway) de 1936. Mais ce fut un énorme fiasco. Elle était la seule noire sur la scène, devant un public de blancs : cela a été très mal vu. 

Les critiques n’arrêtaient pas : “Joséphine Baker est la fille d’une laveuse de linge de Saint Louis qui est sortie d’une revue nègre burlesque pour connaître soudain à Paris une vie d’adulation et de luxe durant le boom des années vingt. […] La nuance fauve particulière de la peau nue de la grande et filiforme Joséphine Baker a fouetté le sang des Français. Mais pour les spectateurs de Manhattan qui l’ont vue la semaine dernière, ce n’était qu’une jeune négresse aux dents de lapin dont le corps ne valait pas mieux que celui de tant d’artistes de cabaret, et qui pour la danse et le chant, se serait fait évincer pratiquement partout en dehors de Paris. » (Times, 10 février 1936)

C’était en tant qu’artiste à part entière que Joséphine voulait se faire connaître. Mais elle se rendit vite compte que ce n’était pas possible ici. Elle était priée de prendre l’escalier de service du théâtre et n’avait même pas le droit de dormir dans le même hôtel que son mari !

En 1939, la France déclara la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne. Les services militaires recherchaient des personnes dont la profession permettait de se déplacer et de recueillir des informations. C’est là que Joséphine se mit à l’espionnage. Elle assistait à toutes sortes de soirées et était constamment au contact de soldats étrangers, majoritairement allemands. Elle était vue et connue de tout le monde et passait ainsi inaperçue en tant qu’espionne. 

Pour la petite anecdote, alors qu’elle était dans un train pour partir en mission, des soldats de la Gestapo contrôlaient tous les voyageurs. Dès qu’ils arrivèrent devant la chanteuse, la seule chose qu’ils voulaient était un autographe ! Comme quoi 😉

Joséphine Baker au Château des Milandes

Elle jouait donc un rôle très important dans la guerre, autant du point de vue des soldats que des civils. Elle se rendait en première ligne et chantait pour soutenir les troupes françaises et par ailleurs, elle abritait les réfugiés dans son château : le Château des Milandes, au cœur du Sud-Ouest. 

Au fil des années, son style autrefois comique et osé s’est transformé en quelque chose de plus élégant.

Ne pouvant pas avoir d’enfants, avec son mari Jo Bouillon, elle en adopta douze ! Tous étaient de nationalité différente de façon à montrer qu’avec de la volonté, les différences étaient surmontables. Mais Joséphine avait besoin de travailler pour faire vivre sa famille. Elle n’était presque jamais chez elle, et c’était son mari qui s’occupait des enfants. Il leur montrait alors tous les soirs une photo de Joséphine, pour qu’ils n’oublient pas le visage de leur mère. Jusqu’à ce que les problèmes financiers deviennent insurmontables et qu’elle se fasse mettre à la porte de chez elle. 

Si on peut retenir quelque chose de Joséphine Baker, c’est qu’elle était dotée d’une détermination inimaginable dans sa lutte contre le fascisme et pour les droits des Noirs. Elle voulait faire de ce monde, un monde plus juste et meilleur, et est devenue un symbole non seulement pour les petites filles noires passionnées de musique à qui elle a donné l’espoir mais aussi pour toute la population.

Bon j’avoue, la première fois que j’ai entendu son nom, je devais avoir huit ans et c’était au Paradis du Fruit parce que j’avais demandé le cocktail (sans alcool je précise) spécial « Joséphine Baker », très bon d’ailleurs pour les amoureux du fruit de la passion. Shame on me … 

Mais maintenant, je suis moins ignorante et vous aussi !

Pour plus d’informations sur sa vie, je vous conseille un superbe livre : Joséphine Baker de Catel et Bocquet, qui est un livre BD !!


Antonia Saba, 2nde 2

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